Des Livres pour 2024 : Argyll

Tous les romans pour 2024 !

Nicolas Winter
Published in
7 min readJan 17, 2024

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Pour vous aider à y voir plus clair dans les sorties à venir de cette année 2024, quoi de mieux que de donner le micro aux éditeurs ?!
Sortez votre porte-monnaie, bouclez-bien vos compte-épargne, voici de quoi faire sauter la banque (et déborder votre pile à lire) !

Xavier Dollo & Simon Pinel :

Le début d’année 2024 devrait être, chez Argyll, assez passionnant pour les amateurs et amatrices de Science-Fiction… et de nouvelles.
On entend souvent dire que la nouvelle n’a que peu de place en librairie, parce qu’elle ne se vend pas. C’est sans doute assez vrai, c’est un marché assez souterrain, mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas ou plus en éditer, loin de là. Argyll ne renonce donc pas à publier des recueils, ou des fix-up, comme vous allez pouvoir en juger.
Nous restons persuadés que les formats courts sont essentiels aux littératures de l’imaginaire, les meilleures idées s’y sont souvent formalisées, l’histoire du genre est pleine d’exemples.

Tout cela pour dire que nous commencerons l’année (le 2 février) avec un splendide recueil de Christian Léourier, Les Oiseaux d’Argyl, sous couverture de Xavier Collette.
La nouvelle éponyme date des années 80, nous l’avons choisie comme titre du recueil, comme une évidence, qui est celle du clin d’œil au nom de notre maison d’édition, bien entendu. Quant à Christian, il est aujourd’hui un des auteurs les plus primés des littératures de l’imaginaire en France, il a cumulé les Rosny, GPI, Prix Champetier, et quelques autres encore, notamment avec son fameux Cycle de Lanmeur, équivalent français, peut-être, du Cycle de l’Ekumen d’Ursula Le Guin. Il en atteint en tout cas souvent la profondeur philosophique et l’originalité anthropologique.
S’il est connu pour ses romans, Christian a été et est toujours un superbe nouvelliste. Ce que nous vous proposons, c’est un kaléidoscope de sa carrière de nouvelliste, débutée avec une poignée de récits dans Aleph ou encore Fiction. La Roulotte est par exemple un de ces grands textes parus dans Fiction et n’a pas pris une ride. Mieux, ces nouvelles contiennent déjà en germes la plupart des thématiques sociales, humanistes, qui jalonnent sa production littéraire.
En 27 nouvelles, dont certaines jamais éditées, Christian déploie la puissance d’un imaginaire fertile qui a marqué, marque et marquera toujours la Science-Fiction française.

En mars, nous avons le plaisir d’accueillir Jean-Laurent Del Socorro avec Peines de mots perdus. L’auteur de Royaumes de vents et de colère revient à son univers, avec un roman plein de verve et de dynamisme, de cape et d’épée.
Lorsque débute l’histoire, nous sommes en 1593, à Rennes (tiens, tiens…), dans une prison, où sont enfermés les membres d’une compagnie bien connue des fans de l’auteur : la compagnie du Chariot.
Contre leur libération, leur capitaine, Axelle de Thorenc, doit retrouver outre-Manche un mystérieux artéfact. Bien entendu, la mission est bien moins facile qu’il n’y parait de prime abord…
Au programme pour Axelle : intrigues politiques et complots alchimiques dans l’Angleterre élisabéthaine !
Heureusement, elle pourra compter sur l’aide de nombreux alliés inattendus…
En mariant cape et d’épées et théâtre, Jean-Laurent donne à cette fantasy historique une couleur et une énergie uniques : on s’amuse, on sourit, on tourne les pages à une vitesse folle, on rencontre quelques célébrités de l’Histoire (Shakespeare, Jane Anger et pas mal d’autres encore) ; bref on s’amuse (mais je me répète !).
À noter qu’à la fin de l’ouvrage, pour la première fois en français, est proposée la traduction de Pour la protection des femmes, pamphlet féministe de Jane Anger datant de 1589.

Le mois suivant, nous publierons un fix-up (c’est-à-dire des nouvelles liées entre elles par des personnages récurrents), Deux hommes dans les confins, de Robert Sheckley.
Sheckley, comme Léourier, fait partie des auteurs qui comptent pour nous. Brillant, Sheckley l’était assurément, et si vous avez lu son recueil Le Temps de retrouvailles, vous le savez tout aussi bien que nous.
Deux hommes dans les confins, traduit par Léo Dhayer, nous propose l’intégrale des aventures d’un duo improbable, sortes de Laurel et Hardy de l’espace, nommés Richard Gregor et Frank Arnold. Ces deux lascars, rois de la bidouille, nous font voyager au gré de leurs aventures dans un futur excentrique, complètement dingue… des aventures dans lesquelles rien ne se passe jamais comme on l’imagine !
C’est drôle, exubérant, fichtrement bien troussé et nous sommes très fiers d’être le premier éditeur français à avoir rassemblé ces textes dans un seul et même livre, qui n’a pas d’équivalent américain.
Mais on sait que l’auteur n’a pas toujours été bien perçu chez lui, et que lui-même entretenait un rapport chafouin avec son propre pays, qu’il ne cessait de mettre en scène dans des satires aujourd’hui passablement visionnaires !
Philippe Curval, le regretté préfacier décrit cela très bien : « Malgré ce jugement sévère sur la laideur, la bêtise et la vanité américaines, Sheckley croit en l’Homme, en sa force d’expansion, en sa curiosité. Il a conscience de son isolement au sein de l’univers. La société est le fruit de cette escroquerie à la peur, mais il fait confiance aux solitaires et aux aventuriers, à cette version améliorée de l’homme des cavernes, chétif et débrouillard, qui survit à toutes les tentatives d’asservissement. »
On espère que les lecteurs seront au rendez-vous de ce fix-up hyper fun.

Mai, c’est le mois de Tout pour tout le monde, un OLNI — Objet Littéraire Non Identifié. Coécrit par deux autrices américaines, M.E O’Brien et Eman Abdelhadi, ce roman imagine des révolutions au niveau mondial, un effondrement économique, social, climatique, puis la reconstruction qui aurait lieu derrière — ou plutôt les reconstructions, car les deux autrices imaginent non par un futur, mais plusieurs futurs désirables.
Construit à la façon de World War Z sous forme de témoignages fictionnels, c’est un texte radical, sans compromis, à la croisée du documentaire et du récit spéculatif. Il ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, mais comme le souligne l’auteur américain Dean Spade, c’est peut-être « le livre dont nous avons tous besoin aujourd’hui. Il nous permet d’imaginer ce qui nous semble encore inimaginable : une réorganisation complète des relations sociales ».
Son compatriote Sam J. Miller (La Cité de l’orque, Albin Michel), plus connu en France, en parle aussi en des termes élogieux : « Ce livre trace de délicieux, d’étourdissants et nouveaux futurs pour la science-fiction, l’urbanisme et la littérature engagée. J’ai milité pendant quinze ans et je n’ai jamais rêvé de voir quelque chose qui combine avec autant de courage la théorie émancipatrice et le documentaire radical avec l’exubérance des meilleurs récits d’anticipation. »
Vous l’autre compris, on a a-do-ré ce texte ébouriffant, et d’une ambition folle, sur lequel on fonde beaucoup d’espoirs, parce que, justement, ce texte en apporte en osant raconter le moment charnière entre le monde d’aujourd’hui et ceux de l’utopie.

Enfin, en juin, sortira le nouvel épisode de la collection Comment écrire de la fiction ?.
Un opus sans équivalent puisqu’il a été écrit par un collectif d’auteurices que je vous donne ici : Agnès Marot, Cindy Van Wilder, Maëlig Duval, Silène Edgar, Nadia Coste et Lise Syven. Iels ont toustes fait leurs premières armes dans le collectif Cocyclics avant de devenir des auteurices aguerris, parfois best-seller, et très éclectiques dans leurs productions, adulte ou jeunesse. C’est toute cette dimension collective que nous retrouvons dans Écrire, travailler au sein d’un cercle littéraire.
Cela ne signifie pas écrire des livres à plusieurs mains (bien que ce soit possible et certains auteurices de cet ouvrage l’ont fait), mais comment travailler au sein d’un collectif d’entraide, que ce soit sur la gestion de questions techniques propres à l’écriture ou sur la gestion du… quotidien de l’auteurice.
L’ouvrage, sous forme dialoguée, fourmille d’anecdotes, d’idées, propose un véritable laboratoire collectif à la fois léger et studieux, qui aide à comprendre ce qu’apporte l’émulation collective.
Vous allez adorer, c’est passionnant.

Le second semestre marquera une nouvelle évolution chez Argyll avec l’arrivée d’une nouvelle collection et d’auteurices des quatre coins du monde (un space opera espagnol, une fantasy chinoise, etc.).
Mais nous aurons l’occasion d’en reparler.

Tous les livres à paraître en 2024 par leurs éditeurs !

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