Des Livres pour 2024 : L’Atalante

Tous les romans pour 2024 !

Nicolas Winter
Published in
12 min readJan 28, 2024

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Pour vous aider à y voir plus clair dans les sorties à venir de cette année 2024, quoi de mieux que de donner le micro aux éditeurs ?!
Sortez votre porte-monnaie, bouclez-bien vos compte-épargne, voici de quoi faire sauter la banque (et déborder votre pile à lire) !

Yann Olivier :

Voici enfin Migrant, le dernier roman du triptyque des Métamorphoses. Vita Nostra et Numérique furent encensés et notre hôte les a couronnés tous les deux de la note parfaite. Les Diatchenko ont ce talent remarquable de lier le plus romanesque au plus déconcertant sur le plan cognitif. Dans Migrant, on fait l’expérience du paradoxe permanent qu’il y a à s’adapter. Un homme marche le soir dans une rue humide et brumeuse d’une grande ville ; la seconde d’après, les poumons encore gonflés de l’air automnal, il est dans un couloir aseptisé où il apprend, enregistrement à l’appui, que sa demande au Bureau Universel de Migration a été acceptée, et on le somme de choisir entre deux planètes. Krokodile (Andreï Stroganov pour l’état civil) ne se souvient de rien et c’est irrévocable. Il regimbe contre ce qu’il estime être une soustraction imposée, envahi par la détresse de ne plus revoir son fils, mais il choisit Raa où il est censé trouver le silence, une nature verdoyante et une société humaniste…
Cette décision prise, la mécanique de la non-résignation est en marche. Krokodile s’oblige à faire des choix dans ce nouveau monde — la seule façon à sa portée pour ne pas oublier qui il a été.

Marina et Sergueï Diatchenko

VITA NOSTRA BREVIS EST BREVI FINIETUR
Migrant de Marina et Sergueï Diatchenko, traduit du russe par Denis Savine est disponible en librairie depuis le 18 janvier !

Une série se clôt, une autre s’ouvre.
Louise Carey n’est pas tout à fait nouvelle dans notre catalogue : avec Linda et Mike Carey, ses parents, elle a écrit La Cité de soie et d’acier, publiée en octobre dernier. « Le programme Harlow » est sa première œuvre en solitaire et le suspense prend aux tripes jusqu’aux dernières pages.
Le mélange de roman d’espionnage et de cyberpunk rend Aux ordres haletant. Pour laisser souffler son lecteur entre chaque scène d’action digne du cinéma, Louise Carey l’embarque dans des spéculations technologiques passionnantes.

Louise Carey | © Kevin Lines

« Attention : en franchissant cette porte, vous quittez la zone d’InTech. Un règlement communautaire différent peut s’appliquer, et la signature d’un accord de licence utilisateur distinct peut être exigée. Souhaitez-vous poursuivre ? »

Les États tels que nous les connaissons ont été dépassés par le bouleversement climatique et les multinationales de la tech et du numérique ont comblé le vide, remplaçant les gouvernements. De vraies start-up nation !
Comme toute bonne citoyenne, Tanta possède une puce qui permet de parler d’esprit à esprit, d’améliorer ses capacités physiques, d’accéder directement à sa mémoire ou sa bibliothèque numérique, etc. La sienne est haut de gamme, qui plus est. Cependant, un logiciel se cache dans le système d’exploitation de cette merveille technologique : le programme Harlow. Plus elle va en apprendre sur ce cheval de Troie, plus Tanta est embarquée dans une rivalité entre corpos qui la dépasse.

Aux ordres de Louise Carey, traduit de l’anglais par Florence Bury est en librairie depuis le 11 janvier 2024.
Le deuxième volume du « Programme Harlow » sortira en mai.

C’est un privilège de travailler à L’Atalante.
Le catalogue créé dès les années quatre-vingt-dix recèle des trésors. Des œuvres intemporelles qui peuplent notre fonds, nous nous devons de vous donner envie de les découvrir ou redécouvrir.
Et, en février, c’est avec un plaisir non dissimulé que je vous annonce la réédition du livre de fantasy préféré du Yann adolescent : Le Chien de guerre et la douleur du monde de Michael Moorcock.

« C’était en cette année, où la vogue de la cruauté exigeait non seulement la crucifixion des jeunes paysans mais également celle de leurs animaux domestiques, que je fis la connaissance de Lucifer et que je fus conduit en enfer : car le prince des Ténèbres souhaitait conclure un marché avec moi. »

Les œuvres de Michael Moorcock ont révolutionné la fantasy, voire la culture populaire dans son ensemble. Il va mettre de côté l’opposition absolue entre le bien et le mal et la certitude de la victoire.
À la morale, il rétorque l’équilibre. Au triomphe, il rétorque l’horreur de la guerre et du monde. Il fixe rapidement dans sa carrière une règle pour ses récits : le Multivers. Ses romans mettent alors en scène une incarnation sous la forme d’un personnage métafictionnel de la balance cosmique, qui tente de rétablir les forces entre deux divinités lunatiques : la Loi et le Chaos. Si un plan du Multivers est dirigé par une caste de mages qui régit les faits et gestes de tous les peuples, alors l’incarnation du Champion éternel apportera du désordre. Si, au contraire, la trahison et la guerre permanente soufflent sur un autre plan, alors il œuvrera à la concorde.
Ulrich von Bek, personnage principal de Chien de guerre et la douleur du monde que nous rééditons en février, est le Champion éternel de notre monde. Sans Moorcock, tant de ce que nous considérons comme acquis dans le genre n’existerait pas…

Le Chien de guerre et la douleur du monde de Michael Moorcock, traduit de l’anglais par Henri-Luc Planchat sortira en librairie le 1er février 2024.

Peu parviennent à parler du bouleversement climatique sans verser dans la morale. Matt Bell a une telle d’empathie pour les protagonistes qu’il met en scène dans Appleseed qu’il évite cet écueil avec brio.
Cette splendide épopée spéculative a lieu à trois moments de l’humanité, séparés par des siècles de conséquences.
Fin du XVIIIe siècle. Deux silhouettes sillonnent les territoires sauvages qui deviendront l’Ohio, l’Illinois et l’Indiana ; l’une est humaine, l’autre a des cornes et des sabots. Nathaniel, un citoyen dévot, et son frère Chapman, un faune tiraillé entre la nature et l’humanité, créent des vergers de pommiers toujours plus à l’ouest, à destination de futures familles de colons.
Si Nathaniel estime accomplir son devoir chrétien, Chapman nourrit un rêve personnel : trouver le fruit qui le rendra humain.
Dans un futur imminent, l’humanité, ébranlée et divisée par la crise climatique, déserte les territoires à l’ouest du Mississippi. La société Earthtrust et les ambitions exponentielles de sa fondatrice, Eury Mirov, dominent le reste des États-Unis.
John Worth travaillait à ses côtés en tant qu’ingénieur avant de s’exiler dans la « zone de Sacrifice », désireux d’aider la nature à reprendre ses droits.
Des siècles plus tard, C-432 parcourt une Terre en proie à une nouvelle ère glaciaire. Seules l’accompagnent la voix stridente d’« O » et ses quatre-cent-trente-et-une précédentes itérations, contenues dans sa colonne vertébrale. Avant C-432, un unique but animait les C : chercher et récolter de la biomasse dans les profondeurs de la terre gelée afin d’entretenir leur corps, qui entrelace chair ancestrale et prothèses cybernétiques.
Au-delà du temps et des frontières entre l’humanité et la nature, le surnaturel et la science, Appleseed explore les conséquences de la colonisation et du travail des terres au profit des hommes, dont les fautes comme les bonnes intentions ont conduit à la ruine de la planète.

Matt Bell | © Jessica Bell

« Mes personnages se considèrent presque tous comme des gens bien. Même lorsqu’ils représentent un réel danger, ils se pensent pragmatiques, et non violents ou destructeurs. Ils ne sont pas si différents de la plupart d’entre nous, j’imagine. Qu’une personne se juge mauvaise et s’en délecte me semble rarissime.

L’une des choses les plus difficiles à accepter, en ces temps fortement polarisés, est que les gens avec lesquels nous sommes en désaccord, ceux qui sont dangereux pour nous, sont persuadés d’être des gens bien. Appleseed est ainsi peuplé de gens dévoués et pleins de bonne volonté, qui veulent rendre notre monde meilleur, de quelque manière que ce soit. Mais ils sont tous imparfaits, limités par les ressources de leur époque. Malgré leurs honnêtes intentions, ils commettent des erreurs, choisissent la facilité, sont les victimes de leurs faiblesses et en proie aux tentations.

Si notre monde peut être amélioré, voire sauvé, ce sera l’œuvre de personnes au bon cœur, mais faillibles, qui font seulement de leur mieux pour se montrer à la hauteur de la situation. »
Orion Magazine, « Six Questions for the Author : Appleseed »

Appleseed de Matt Bell, traduit de l’anglais par Marie Surgers sera en librairie le 15 février 2024.

Envie d’un pastiche de James Bond avec des chats augmentés ?
Besoin de réviser vos cours de gestion à travers une étude de cas : la multinationale d’un superméchant ?
Alors jetez-vous en mars sur Superméchant débutant de John Scalzi.

John Scalzi | © John Scalzi

C’est alors qu’une nouvelle inattendue vient ébranler le quotidien banal de Charlie : son oncle Jake, magnat de l’industrie du stationnement, est mort en faisant de lui son héritier. Est-ce la fin des ennuis ? Loin de là ! Charlie découvre que derrière la fortune de son oncle se cachent des activités assez peu orthodoxes… Est-ce la fin des ennuis ? Loin de là !
Point de parking dans son héritage, mais une base secrète au fond d’un volcan, sur une île paradisiaque où se fomentent les pires machinations. Charlie ne s’attendait pas à ça en se rendant chez le notaire, encore moins des négociations syndicales avec des dauphins augmentés…
Avec cette nouvelle satire dans la droite ligne de La Société protectrice des kaijus, John Scalzi nous présente un univers où des milliardaires sans scrupule influeraient sur la marche du monde pour s’enrichir, sans autre considération que leur intérêt personnel.
Inimaginable, n’est-ce pas ?

Superméchant débutant de John Scalzi, traduit de l’anglais par Mikael Cabon paraîtra le 14 mars 2024 en librairie !

Je vous ai parlé de Nghi Vo à deux reprises en 2023 et de ses « Archives des Collines-Chantantes » et nous publions en mars 2024 Des mammouths à la porte, son quatrième roman court.

Nghi Vo | © CJFoeckler

Pour la première fois, nous entrons dans l’abbaye qui donne son nom au cycle, vidée de ses adelphes à cause d’une expédition. Chih se retrouve alors à gérer une triste opposition. Suite au décès de l’adelphe Thien, sa famille réclame sa dépouille, afin de l’honorer en suivant les traditions de son clan dont il était le patriarche avant de prononcer ses vœux. Mille-Vertus, la neixin de feu Thien, insiste sur le respect des rites funéraires des Collines-Chantantes.
Toujours en finesse, avec poésie et entre rire et larmes, Nghi Vo raconte l’inévitable écoulement du temps, l’épreuve du deuil et la puissance des histoires. Son talent reviendra dans l’année, mais hors de cet univers fantasy, à une époque plus proche de la nôtre.

Des mammouths à la porte de Nghi Vo, traduit de l’anglais par Mikael Cabon sera en librairie le 21 mars 2024.

Programmer des romans, c’est souvent se méfier de son jugement de goût pour tenter de suivre le jugement de beau.
Parfois, notre goût prend tant le dessus que notre choix est guidé par une passion gigantesque. C’est ce qui m’est arrivé pour Ni dieux ni monstres de Cadwell Turnbull. Chaque personnage a bouleversé en moi, du narrateur discret à la créature centenaire tapie dans les ténèbres, des libraires en SCOP à la sénatrice.
Chaque ligne narrative m’a provoqué ce sentiment de vertige que tous les amateurs du genre recherchent, qu’il s’agisse de l’organisation d’une manifestation pour les droits civiques des monstres à un voyage entre les mondes. Lincoln, comme tant de jeunes hommes noirs aux États-Unis, a été abattu par la police. Perdue dans son deuil, sa sœur Laina se voit confier la vidéo du meurtre. La révélation est un choc : Lincoln était un lycanthrope et c’est sur un monstre qu’a tiré le policier. Avec l’aide de sa « meute », Laina dévoile la vérité au monde entier.
Hélas, montrer une horreur n’est pas y mettre fin, bien au contraire. En révélant l’existence de ces bêtes, Laina dévoile aussi l’ensemble des préjudices qu’elles subissent. D’autant que d’autres forces surnaturelles prolifèrent aux marges de la société ; conclaves secrets, sectes de mages oubliés et créatures endormies doivent sortir de l’ombre. L’essence du monstre se manifeste alors dans toute son ampleur lorsqu’on est obligé de la contempler hors de sa tanière.

Cadwell Turnbull

Chaque protagoniste et chaque événement qui nous sont racontés, Calvin les choisit. C’est un homme ne parvenant pas, à l’instar de Laina, à surmonter la mort de son frère. Dans son deuil, il trouvera le moyen d’explorer des mondes parallèles après sa rencontre avec Hugh Evrett, grand spécialiste de la physique quantique et de la théorie des mondes multiples, à la recherche d’une Terre alternative où l’accident n’a jamais eu lieu. Avertissement de sa non-fiabilité, Calvin interrompt épisodiquement la narration omnisciente d’un commentaire à la première personne. Sous l’apparente objectivité du récit, ce sont ses erreurs qu’il cache, ses espoirs qu’il encense et son empathie qu’il met en scène.

L’hommage à Ursula K. Le Guin (deux personnages travaillent dans une librairie nommée Annarès, la planète libertaire des Dépossédés) est la partie immergée de ses influences. De la série sociologique sur Baltimore The Wire à La Parabole du semeur d’Octavia Butler, de Genèse de la cité de Nora K. Jemisin à Station Eleven d’Emily St John Mandel, Cadwell Turnbull s’inscrit dans la tapisserie tissée par des œuvres où la conscience d’un collectif s’élève d’une mosaïque d’expériences individuelles.

Ni dieux ni monstres de Cadwell Turnbull, traduit de l’anglais par Marie Surgers est prévu pour le 11 avril 2024.

Qu’adviendrait-il si toute la glace de la planète fondait et faisait monter le niveau de la mer de plusieurs dizaines de mètres ?
En rédigeant ses mémoires, le baron Haussmann pourrait-il avoir omis son implication dans la quête de la pierre philosophale ?
Que donneraient des Jeux paralympiques sur Vénus ?
D’où viennent les nuages ? Pour l’écrire, Régis Goddyn a puisé dans les mystères et la magie dormante du quotidien.

Régis Goddyn

À Marmande, à l’occasion d’une invitation par la librairie Le gang de la clé à molette et du salon les Ukronies du Val, Régis m’a longuement parlé de son prochain univers de fantasy, et nous est venu l’idée de ce recueil : D’où viennent les nuages regroupe des nouvelles inédites, d’autres introuvables, et trois d’entre elles qui dessinent ce nouvel univers de fantasy, annonçant une saga où deux royaumes mènent une guerre centenaire.
Chaque conquête a un objectif central : les cimetières.
Où reposent les morts repose la magie…

D’où viennent les nuages de Régis Goddyn sera disponible le 18 avril 2024 en librairie !

Grande nouvelle !
La Grande Duchesse d’Essen attend un fils.
L’héritier sera conseillé, éduqué, par le meilleur : Prosper de Schanz, penseur, ingénieur, sculpteur… Bref, ce futur grand dirigeant aura comme tuteur cet esprit génial, à la hauteur de notre Léonard de Vinci.
L’objectif est clair : cet enfant deviendra un roi philosophe.

Sur le papier, notre narrateur ne peut que se réjouir.
Hélas, il a un don depuis l’enfance : il commande aux démons.
Ces êtres malfaisants, immortels mais vulnérables aux exorcistes, possèdent des humains. En tant qu’exorciste, c’est son rôle de libérer les âmes de l’emprise infernale. Au premier regard sur la Grande Duchesse enceinte, il en est certain : son fils à naître est déjà possédé. Pour l’en libérer, il faut d’abord l’approcher. Or, Prosper de Schanz dirige tout ce qui est lié à l’enfant. Il va lui falloir lui montrer patte blanche…

Le Démon de maître Prosper de K.J. Parker, traduit de l’anglais par Michel Pagel, paraîtra en mai 2024

Tous les livres à paraître en 2024 par leurs éditeurs !

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