Des Livres pour 2024 : Albin Michel Imaginaire

Tous les romans pour 2024 !

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9 min readDec 10, 2023

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Pour vous aider à y voir plus clair dans les sorties à venir de cette année 2024, quoi de mieux que de donner le micro aux éditeurs ?!
Sortez votre porte-monnaie, bouclez-bien vos compte-épargne, voici de quoi faire sauter la banque (et déborder votre pile à lire) !

Gilles Dumay :

Au moment où j’écris ces lignes, le programme 2024 est validé jusqu’en avril, donc les titres annoncés au-delà sont susceptibles de « bouger », changer de mois de parution voire disparaître à l’ombre d’une maison juchée sur des pattes de poulet.
Chez Albin Michel Imaginaire, 2024 sera une année de destinations.
Et vous n’aurez besoin de prendre aucun avion pour aller sur Vénus, en Sibérie ou visiter l’étonnante Cité des marches, Bulikov.

Couverture : Aurélien Police — ©Photo : Melissa Berque

Nous commençons en janvier, le 17 pour être précis, avec dressée sur un horizon plutôt agité une île de Bretagne : Recouvrance.
Avec son nouveau roman, Les Sentiers de Recouvrance, Émilie Querbalec quitte momentanément les espaces immenses et inquiétants du space opera pour se pencher sur notre futur proche, la crise climatique et ses dégâts sur la psyché des adolescents et jeunes adultes. On suit deux personnages, un garçon, une fille, Anastasia et Ayden, à la recherche d’une île de Bretagne, Recouvrance, où les attend peut-être la guérison.
Chacun d’eux est profondément marqué dans sa chair par un drame (on remarquera d’ailleurs que d’une certaine façon dans ce roman tout est connecté, la chair, l’âme et la nature, ce qui est un trope assez courant dans la culture japonaise). Les Sentiers de Recouvrance est un roman lumineux, plein de nature writing, globalement très doux, mais qui peut se montrer parfois cruel. Il décrit un futur dans lequel les gouvernements semblent avoir davantage pris la mesure du changement climatique qu’au jour d’aujourd’hui. En ce qui me concerne, ce quatrième roman d’Émilie Querbalec évoque les anime de Makoto Shinkai (Les Enfants du temps, Your name). Bien que court (240 pages), il vous emmènera loin, paradoxalement, tout en restant proche de vous, de notre époque, de nos angoisses.
Il parlera beaucoup aux parents d’adolescents qui se demandent qui sont ces extraterrestres qui vivent sous leur toit, parents qui s’inquiètent, qui voudraient comprendre et se sentent parfois mis à l’écart, malgré tous les efforts possibles et imaginables en matière de communication.
Les Sentiers de Recouvrance pose une bonne question : nos enfants hyperconnectés seront-ils plus sages que nous ?

Couverture : Anouck Faure — ©Photo : Kirk Murphy

Le 31 janvier nous partirons pour le port de New York où Bellatine et Isaac Yaga vont récupérer ce que leur a légué leur grand-mère ukrainienne, Baba Yaga.
Mon dieu !
La caisse en bois fait deux fois la hauteur d’un container.
Et quand ils l’ouvrent… s’en extrait une maison vivante (et intelligente) juchée sur des pattes de poulet. Pour Bellatine, cette maison est une bénédiction, le plus beau cadeau qui soit, elle l’adore.
Pour Isaac, qui n’a pas oublié que la seule expérience professionnelle est celle d’escroc minable, cette isba est un moyen de gagner de l’argent, plein d’argent. Pour Ombrelongue, l’entité maléfique qui traquait la maison depuis des décennies et avait perdu sa trace, c’est une cible qu’il faut détruire à tout prix.
GennaRose Nethercott a eu un immense succès aux Etats-Unis avec ce roman de fantasy, ce conte de fées pour adultes, souvent comparé aux œuvres de Neil Gaiman, ce qui semble assez approprié. Succès critique, mais aussi succès commercial totalement inattendu.
La couverture est d’Anouck Faure.
La traduction est d’Anne-Sylvie Homassel.

Couverture : Didier Graffet — ©Photo : Josh Brewster

Le 28 février, je vous invite à découvrir Bulikov, La Cité des marches. Autrefois Bulikov était une puissante cité, capable d’asservir les pays environnants, de mettre des populations entières en esclavage. Ce qu’elle ne s’est pas privée de faire. Mais la nation de Saypur s’est rebellée et un de ses seigneurs de la guerre a exterminé, un par un tous, les dieux de Bulikov, provoquant une catastrophe magique : le Cillement, qui a réduit la cité en ruines. Voilà ce que raconte l’Histoire. Une victoire totale, culturelle et métaphysique. Quand un historien installé à Bulikov est assassiné, Saypur envoie dans la ville occupée sa meilleure espionne, Shara Thivani. En menant son enquête, elle va s’apercevoir que l’Histoire et la Vérité peuvent parfois diverger, surtout quand la première a été écrite par les vainqueurs. Et si les Dieux de Bulikov n’étaient pas morts et enterrés ?
La Cité des marches est le premier tome de la trilogie des Cités divines de Robert Jackson Bennett, écrite avant Les Maîtres enlumineurs.
C’est une fantasy épique située juste au début de l’ère industrielle dans une sorte de Russie orientale occupée par l’Inde.
Il y a une légère touche de Steampunk. Et je lance les paris : vous n’oublierez jamais Sigrud, le « secrétaire » de Shara.
Le tome 2, La Cité des lames, paraîtra à l’automne et le dernier tome La Cité des miracles paraîtra au printemps 2025.
Le livre sera publié d’abord en édition reliée cartonnée (avec un tirage limité à 4000 exemplaires) puis en édition courante à l’automne. La traduction est de Laurent Philibert-Caillat, le traducteur habituel de Robert Jackson Bennett, et la couverture est de Didier Graffet, très présent au catalogue en 2024. Robert Jackson Bennett nous fera le plaisir de venir en Belgique (Trolls&Légendes) et en France fin mars, début avril. Il fera une tournée en Bretagne (Brest, Rennes, Nantes), dédicacera en région parisienne avant de reprendre l’avion pour le Texas.

Couverture : Didier Graffet— ©Photo : Lionel Allorge

En avril, nous publierons La Croisière Bleue de Laurent Genefort, livre-compagnon des Temps ultramodernes (Prix Rosny aîné, Prix ActuSF de l’uchronie). C’est un fix-up, c’est à dire une histoire complète écrite sous forme de nouvelles et d’articles de journaux. L’auteur y mène la crise de la cavorite jusqu’à sa conclusion. On y retrouve tout ce qui faisait le charme des Temps ultramodernes, les paquepots qui volent, Mars habité et colonisé, les vaisseaux spatiaux rétrofuturistes, les intrigues politique du début du XXe siècle.
L’hommage à H.G. Wells, Jules Verne, Gustave Le Rouge et, à mon avis, J.-H. Rosny aîné. Et comme pour Les Temps ultramodernes qu’il vaut mieux lire avant, il y a une très belle couverture de Didier Graffet. Une édition corrigée et augmentée de L’abrégé de cavorologie clôt l’ouvrage. Les Temps ultramodernes et La Croisière bleue forment un tout et dialoguent entre eux. À priori, il n’y en aura pas de troisième volume dans cet univers, puisque Laurent part sur un tout autre projet pour son prochain roman.

Comme mon titre de mai, La Sonde et la taille, va assurément marquer les esprits, je vais d’abord présenter mon titre de juin : La Maison des saints de Derek Künsken, deuxième et dernier volet des Profondeurs de Vénus, et donc suite des aventures de la famille d’Aquillon (je ne spoile pas le T.1). Constat : Derek Künsken est un vrai auteur de science-fiction et j’ai du mal à l’imposer en France, ce qui m’agace. Je trouve ça bien dommage, car son cycle de la colonisation de Vénus est quand même unique dans le paysage SF actuel. Ma façon de voir le métier d’éditeur, c’est de proposer le plus souvent possible des choses différentes, qui sortent de l’ordinaire, uniques. Ca prend, ça prend pas, c’est le public qui décide. Tout cela pour dire que si vous aimez la science-fiction et que vous n’avez jamais lu Derek Künsken, essayez Les Profondeurs de Vénus, c’est une grande aventure dans la tradicion des romans d’exploration spatiale d’Arthur C. Clarke, avec des éléments sociétaux plus modernes. La Maison des saints a été traduit par Gilles Goullet. Et comme pour le tome 1, vous retrouverez Manchu en couverture.

Crayonné non retenu de Didier Graffet — ©Photo : Laurent Mantese

Et maintenant, un pas en arrière, revenons à mai.
Inspirez, expirez.
Mai : La Sonde et la taille de Laurent Mantese.
Des livres comme ça, un éditeur en reçoit peu dans sa carrière, quatre, cinq ? Je m’explique : il y a quelques années, j’étais à un salon du livre à Toulouse et un auteur s’est approché de moi pour se présenter : « je suis Laurent Mantese, j’écris un roman sur les derniers jours de Conan le barbare. Il est vieux, il souffre des reins, il a une infection à un testicule. Est-ce que ça pourrait vous intéresser ? »
Un conseil : ne serait-ce que par politesse, il faut toujours dire « oui ».
Cet auteur ne m’était pas totalement inconnu, je lui avais refusé un roman et comme je le fais parfois, je lui avais écrit une réponse personnalisée qui se voulait encourageante. Bon, le temps passe et j’oublie complètement l’auteur toulousain (désolé, Laurent), son projet romanesque et la couille infectée de Conan. Et puis un jour, cinq ans plus tard, je reçois dans ma boîte mail un manuscrit de 686 pages : Conan : la Sonde et la taille.
Mon premier réflexe d’éditeur blasé a été de souffler : « pff, 686 pages, quand est-ce que je vais avoir le temps de regarder ce truc ? »
Et puis, un matin, j’ai ouvert le fichier, j’ai lu dix pages, cinquante pages, cent pages… Arrivé à ce stade, j’ai paniqué comme il se doit, rédigeant une salve de mails à ma patronne, au service juridique : « est-ce qu’on peut publier un bouquin avec Conan comme personnage principal ? », oui, « est-ce qu’on peut mettre le nom de Conan dans le titre ? », faudrait éviter, c’est une marque déposée, « mais Glénat… », faudrait éviter, c’est une marque déposée, « est-ce qu’on peut le mettre sur une bande, la 4e ? », oui, etc.
(Si vous avez Basil Pouledoris à la maison, mettez-le sur la platine, à défaut Youtube suffira).
Donc : Conan a 83 ans, il est roi des sept nations, il se meurt d’une infection urinaire et testiculaire. Une opération chirurgicale périlleuse peut encore le sauver : la sonde et la taille.
Au-delà de ce point de départ inoubliable, le roman raconte mille autres choses : la montée en puissance d’une religion monothéiste, l’assaut du château de Conan par des mercenaires, précisément au moment où l’opération chirurgicale va être menée, la relation de Conan avec son fils adoptif, handicapé mental. On ne va pas se mentir : par Crom !
C’est du brutal. Si vous n’aimez pas les scènes violentes, passez votre chemin. Si vous n’aimez pas l’idée d’un monde de fantasy où la vie d’une femme vaut à peu près celle d’une chèvre malingre, passez votre chemin.
Si vous n’aimez pas le style baroque, avec des phrases incandescentes de deux pages de long, passez votre chemin. Je reproduis ici la conclusion de mon argumentaire commercial, parce qu’elle résume bien, je crois, ce projet hors-normes : « La Sonde et la taille est un roman crépusculaire et orageux à l’écriture baroque et hallucinée, une œuvre sans compromis aucun qui est à la fantasy épique ce que Méridien de sang de Cormac McCarthy est au western. » J’ajouterai que Laurent Mantese est professeur de philosophie et que son roman a une puissance incroyable : celle de nous ramener sans cesse à notre propre mortalité.
« Un cimmérien, même âgé, même malade, même gâté par la civilisation, reste un Cimmérien. Jusqu’à sa mort. »
Ce sera le mot de la fin.

Tous les livres à paraître en 2024 par leurs éditeurs !

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