Des Livres pour 2024 : Asphalte
Tous les romans pour 2024 !
Estelle Durand :
En 2024, Asphalte propose une rentrée d’hiver 100 % poches, comme l’an dernier. Nous souhaitons faire redécouvrir deux titres du catalogue : un étranger, un français ; un titre de fonds, et un plus récent.
Shangrila de l’Australien Malcolm Knox traduit merveilleusement par Patricia Barbe-Girault, paru en 2012, que nous n’avons cessé de réimprimer depuis et La Fugue Thérémine d’Emmanuel Villin, paru en août 2022.
Shangrila nous ramène aux débuts de la maison d’édition.
La lecture de ce roman profondément immersif, puis la rencontre avec Malcolm Know ont vraiment marqué les premières années d’Asphalte. Ayant fait rapidement l’objet d’un bouche à oreilles entre libraires puis lecteurs, le livre a été réimprimé à de très nombreuses reprise, et a aujourd’hui un coté culte, comme un bon tuyau, une valeur sûre qu’on se refile entre amis.
Shangrila, c’est l’histoire (fictive) du premier champion du monde de surf, Dennis Ketih, fictif lui aussi, bien qu’inspiré en partie par le surfeur Michael Peterson. Le lecteur assiste donc aux premières loges aux premiers tubes surfés par DK, ressent cette adrénaline unique, participe aux premières vraies compétitions, fait les voyages à Hawaï, se castagne avec les concurrents, les voleurs de vagues, ceux qui préfèrent courir les sponsors ou casser leur chambre d’hôtel. Le lecteur plonge dans ce sport, ce way of life devenu rapidement sport professionnel mondialisé. On sort de ce livre plein d’écume, avec l’impression d’avoir surfé, d’avoir frémi, d’avoir tremblé, d’avoir connu la gloire aussi et tout ce que cela implique.
Enfin, et cela pas été assez souvent dit, Shangrila c’est aussi une histoire de famille. La relation ambivalente entre DK et son frère Rod, et leur relation à tous les deux avec leur mère, figure magistrale et imposante du roman, en font un texte complet, aux accents universels, dont la portée va bien évidemment au-delà du surf.
Quant à La Fugue thérémine, c’est le 3e roman d’Emmanuel Villin, découvert avec le très élégant et modianesque Sporting Club (Asphalte 2016, Folio 2018).
L’auteur s’empare de la vie de l’inventeur du thérémine, cet instrument de musique toujours mythique et mystérieux aujourd’hui, composé de deux antennes autour desquelles le théréministe agite les mains pour faire vibrer les ondes. Le son étrange « venu d’ailleurs » produit par ces vibrations va faire le succès de Léon Thérémine, modeste ingénieur russe, ancien soldat de l’armé rouge et adorateur de Lénine.
Ayant fait fortune aux États-Unis dans les années 1920, la Grande Dépression puis les autorités russes vont vite le rattraper et le faire revenir au réel.
Le tour de force de ce roman court et dense, solide et enlevé, c’est de nous faire traverser le XXe siècle avec grâce et même en instillant du suspense. Le destin de Thérémine est en soi un roman, mais l’auteur le transforme en un personnage tour à tour fascinant, romantique et tragique.
La Fugue thérémine, c’est un concentré d’histoire, relevé de pop culture et saupoudré d’espionnage.
