Festival Series Mania : le bilan !

Palmarès officiel et avis sur les séries du festival Séries Mania

Nicolas Winter
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33 min readMay 6, 2018

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Clôturé en beauté par un Jonathan Lambert hilarant, la première édition du Festival Series Mania de Lille s’est terminée sur la remise des prix ainsi que par la projection d’une dernière série particulièrement attendue : Babylon Berlin.

Après neuf jours événements et d’avant-premières, on peut dire que cette première édition s’impose comme un succès à la fois public et critique. Si certains lui reprocheront l’absence de grandes stars du petit écran, c’est bien vite oublier la présence de Sofia Helin (The Bridge), Brian Cox (Succession), Chris Brancato (Narcos) ou encore Jeremy Podeswa (Game of Thrones). Non content d’organiser des événements aux quatre coins de Lille, le festival a aussi posé son quartier général au Tri Postal pour une réussite cette fois en demi-teinte. A côté d’un stand de réalité virtuelle littéralement assailli par le public et une Escape Game toujours pleine, les expositions manquaient de contenus et d’ambitions. Un défaut vite pardonné par la possibilité d’assister à la projection de formats courts divers et variés.

Marathon Comédie (Théâtre Sébastopol)

Côté séries, c’est par contre un sans-faute. Outre un Marathon Comédie particulièrement réussi au Théâtre Sébastopol, le festival a pu compter sur la projection de nombreuses avant-première françaises ou même mondiales. On retiendra tout particulièrement l’impressionnante sélection israélienne avec Autonomies, Significant Other, Harem et bien sûr le chef d’oeuvre On The Spectrum. Misant sur la diversité avec des productions venues de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Italie, d’Australie ou encore du Royaume-Uni, Series Mania a permis de jeter un éclairage bienvenu sur tout un pan négligé du monde sériesque. Mieux encore, ce fut l’occasion pour le public d’interroger directement les équipes de production et les acteurs sur leurs œuvres, brisant de fait la glace entre public et créateurs.

Tony Grisoni répond aux questions du public de The City and The City
L’équipe d’Anne+ se prête au jeu des questions-réponses avec le public

Place à présent au palmarès de cette première édition ainsi qu’un avis sur pas moins de vingt-six séries projetées au cours de ces neuf jours de festival !
Pour ceux qui voudrait prolonger le plaisir, on vous rappelle que le Palais des Beaux-Arts propose un Open Museum spécial série TV jusqu’au 16 juillet prochain… de quoi patienter jusqu’à la prochaine édition Series Mania qui aura lieu l’année prochaine à Lille !

Palmarès du Festival

→ Compétition Officielle Française :

  • Prix d’interprétation masculine :
    Bryan Marciano (Vingt-Cinq) et Roschdy Zem (Aux animaux la guerre)
  • Prix d’interprétation féminine : Anne Charrier (Maman a tort)
  • Prix de la meilleure série : Ad Vitam (Arte)

→ Compétition Officielle Internationale :

  • Prix d’interprétation masculine : Tommaso Ragno (Il Miracolo)
  • Prix d’interprétation féminine : Anna Mikhalkova (An ordinary woman)
  • Prix spécial du jury : Il Miracolo (Italie)
  • Grand Prix : On The Spectrum (Israël)

→ Compétition Format court :

  • Prix lycéen : Kiki and Kitty
  • Prix du jury : First Love

→ Panorama international :

  • Prix de la meilleure série : Kiri

→ Prix du Public :

→ Les séries immanquables du Festival

1- On The Spectrum (Yes)

de Dana Idisis et Yuval Shafferman avec Niv Majar, Ben Yosipovich et Neomi Levov

Grand Prix de la Compétition Officielle Series Mania

Première mondiale
Si l’autisme a déjà sa place dans les séries modernes, rares sont celles qui l’ont abordé sous un aspect aussi crûment réaliste que la série israélienne On The Spectrum. Loin du ton coloré d’un Atypical ou de la comédie pure et dure d’un The Big Bang Theory, la série se concentre sur trois colocataires affectés à divers degrés d’un trouble du spectre autistique.
Ron est incapable de trouver un travail et reste enfermé chez lui dans l’attente d’un Roomba (un robot-aspirateur autonome), Zohar cherche désespérément l’amour sans en comprendre les mécanismes et Amit s’éprend d’une serveuse d’un café de quartier qu’il fréquente assidûment.

En traitant frontalement l’autisme, On The Spectrum ne fait pas l’erreur de reposer son histoire sur un ressort comique mais bien de dégager l’humanité et la fragilité de ses trois personnages truculents. À travers le portrait croisé de ces trois colocataires, la série se risque à construire un drame saupoudré d’humour (par un décalage avec le réel forcément omniprésent) où la personne autiste reste un être humain avant d’être une astuce comique. Le résultat ? Quelque chose de très fort, aussi drôle qu’émouvant, capable de traiter tout en nuances d’un sujet particulièrement épineux. En y ajoutant les relations avec des gens “normaux”, On The Spectrum démontre que l’intégration passe aussi par le regard de l’autre, le temps d’un rencard, d’une conversation sur un canapé ou d’une simple promenade.

Grâce à une mise en scène sobre mais élégante, à des acteurs magnifiques et à un amour constant pour les personnages dont elle parle, On The Spectrum touche juste.
Une sublime découverte que l’on espère grandement voir en France prochainement.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

2- The Handmaid’s Tale (Hulu)

de Bruce Miller avec Elisabeth Moss, Ann Dowd et Joseph Fiennes

Saison 2
Meilleure série de l’année passée, The Handmaid’s Tale était attendue au tournant. D’autant plus que dorénavant, elle ne s’appuie plus sur le récit de Margaret Atwood à proprement parler.

Après quelques frayeurs initiales (et cette scène à la musique totalement hors de propos durant la pseudo-pendaison), la saison 2 retrouve les rails de la première et montre une June plus éprise de liberté et plus combative que jamais.
Avec une réalisation aussi élégante et cruelle, les deux premiers épisodes entrecoupent le destin de June de flash-backs tout à fait édifiants sur la lente dégradation des droits aux Etats-Unis. Toujours aussi efficace et inquiétant dans le genre dystopique.
Saluons la prestation d’Ann Dowd, fabuleuse à nouveau, avant d’applaudir la prise de risque qui marque l’épisode 2 : l’ouverture d’une seconde histoire avec le personnage de Deglen. La série en profite pour montrer les colonies, de très loin la meilleure trouvaille de ce début de saison où l’Amérique pastorale des livres d’Histoire devient un enfer toxique et radioactif terrifiant.
Assumant son féminisme jusqu’au bout, The Handmaid’s Tale n’en oublie pas l’émotion avec cette scène de fin sublime qui convoque les suppliciés sur l’autel de la mémoire.

Juste après Legion (FX), voici donc la seconde meilleure reprise de l’année pour une série que l’on espère toujours plus audacieuse et qui annonce déjà de grandes opportunités.
Sublimement glaçant.

Diffuseur en France : OCS

3- Westworld (HBO)

de Jonathan Nolan et Lisa Joy et avec Evan Rachel Wood, Ed Harris et Jeffrey Wright

Saison 2
Après Legion (FX) et The Handmaid’s Tale (Hulu), c’est au tour de Westworld, la (très) attendue série d’HBO, de faire son retour.
Prenant la suite directe des événements de la première saison, les premiers épisodes replacent le contexte et tentent de démêler les nombreux enjeux de cette seconde fournée d’épisodes. La lenteur inhérente de la série n’a pas changé, le casting non plus (excepté un Anthony Hopkins qui n’a pas renouvelé son contrat…), bref, les amateurs de la première heure seront aux anges…les autres ne seront certainement pas davantage convaincus.

Et c’est bien dommage car ce début de saison 2 s’avère à la fois dense et très bien pensée. Nolan et Joy capitalisent sur la trame temporelle (en n’en faisant pas mystère cette fois) et pousse bien plus avant leur réflexion sur la nature de l’intelligence artificielle. A partir de quand une machine devient-elle humaine ? La liberté suffit-elle pour traduire l’humanité ? A travers le sublime personnage de Dolores (et le moins réussi mais tout aussi important personnage de Maeve), Westworld nous donne à réfléchir sur la définition de l’homme.

Pour autant, Westworld n’en oublie pas les sous-intrigues de cette nouvelle saison et plonge dans le passé de son univers pour l’approfondir et le crédibiliser tout en dissertant sur le rapport divertissement/pouvoir, liberté/moralité. Même si le mystère qui entoure l’homme en noir (aka Ed Harris) persiste et tend à s’étirer un peu trop, on sent que Westworld réserve encore assez de surprises pour satisfaire le spectateur. Ou du moins l’espère-t-on ardemment !

Mise en scène prestigieuse, casting formidable (Evan Rachel Wood et Ed Harris en tête), approfondissement de l’univers et interrogations métaphysiques semblent au programme de cette seconde saison de Westworld.
Espérons que la série tiennent ses promesses !
Un début de saison stimulant !

Diffuseur en France : OCS

4- HAREM (Reshet 13)

de Anat Barzilai , Hadar Galron et Gafi Taub avec Alon Aboutboul et Chen Amsalem

Première Française
Diffusée en février sur la chaîne israélienne Reshet 13, la mini-série Harem parle d’un sujet extrêmement délicat : les sectes.
Tirée du livre de Maayan Miriam Smadar qui a elle-même été la victime d’une secte en Israël, Harem infiltre le quotidien d’une communauté de femmes et d’enfants sous l’emprise d’un gourou, Shebtai Zadik (formidable Alon Aboutboul) qui tente d’endoctriner la sœur d’une de ses promises, Maya Levine (excellente Chen Amsalem).

Harem est une plongée en apnée dans une secte effroyable où tout un chacun semble en harmonie avec les autres. Entraide, écoute, solidarité, sous ses abords proprets, le harem de Shabtai cache une mécanique de manipulation psychologique implacable où le gourou monte subtilement ses suivantes contre leur propre famille. La série, refusant la facilité, décortique patiemment les mécaniques utilisées par la secte en montrant également le côté chaleureux de la communauté elle-même.

Mais là où Harem touche le plus juste, c’est dans sa description de la destruction familiale. À partir de la seule Maya, Shabtai fait vaciller toute une famille et conduit ses membres à s’entredéchirer. Ainsi, Harem devient asphyxiante autant pour son spectateur que pour les parents d’une Maya prise au piège dans cet engrenage infernal. La capacité de la série à exposer la colère et la tristesse dans un même élan permet à Harem de dresser un portrait sans concession d’un être diaboliquement charismatique. C’est tout simplement passionnant.

Puissante, magistralement interprétée et passionnante de bout en bout, Harem a toutes les cartes en main pour devenir une (très) grande mini-série !
Une exploration implacable et magistrale du monde des sectes !

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

5- Autonomies (HOT)

de Yehonatan Indursky et Ori Elon avec Assi Cohen et Shuli Rand

Première Mondiale
Décidément, Israël crée la surprise lors de cette première édition du Festival séries Mania. Après On The Spectrum et Significant Other, voici Autonomies, une série aussi prometteuse que délicate.

Deux familles découvrent que, suite à une terrible erreur, leur enfant a été échangé à la maternité. Alors que l’une découvre que leur bébé est mort, l’autre apprend que leur enfant décédé vit en réalité dans une autre famille juive. Une affaire tragique qui prend des proportions inattendues puisque dans ce futur proche, après une terrible guerre civile, l’état d’Israel s’est scindé en deux : un État laïc d’un côté et une Autonomie ultra-orthodoxe de l’autre.

Cette production au propos particulièrement audacieux dresse un portrait sans concession d’une société israélienne fracturée entre conservatisme et progressisme. Autonomies arrive à parler à la fois de la difficile conciliation de deux conceptions de la religion juive mais également à illustrer cette fracture sur plusieurs plans narratifs : intime, sociétal et politique.

Derrière les questions politiques, le religieux apparaît comme un prétexte commode pour manipuler les foules. Grâce à une écriture impeccable, chaque personnage apporte quelque chose à la narration d’ensemble et croque en quelques scènes les problématiques générées par cette querelle fratricide. Au-delà de sa dimension dystopique, Automonies parle également de deuil et du couple sans jamais tomber dans des clichés rébarbatifs.

Mise en scène irréprochable, personnages magnifiques et narration aussi audacieuse qu’intelligente font d’Autonomies l’une des meilleures découvertes de ce festival.
Un vrai coup de cœur.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

6- Vingt-Cinq (OCS)

de Bryan Marciano avec Bryan Marciano, Pablo Pauly et Pierre Lotin.

Prix d’interprétation masculine compétition française de Series Mania pour Bryan Marciano

Première mondiale / Marathon Comédie
L’équipe de Vingt-Cinq était venue en personne pour présenter son bébé au Théâtre Sébastopol de Lille.
Future série OCS (catégorie Signatures) en format 25 min, Vingt-Cinq se penche sur la vie de trois gars de vingt-cinq ans (d’où le titre) un peu paumés dans leur vie sentimentale et professionnelle. Le personnage principal, Jérémy, n’arrive pas à se remettre de la rupture avec sa copine qu’il aimait depuis 9 ans depuis son retour de New-York. Ses deux potes, Adrien et Alex, n’ont pas beaucoup plus de chance. Le premier s’enferme dans une histoire d’amour tuée par la routine et le second tente désespérément de quitter le domicile familial de Sarcelles pour monter son entreprise.

Vingt-Cinq, donc, c’est l’histoire de trois potes qui n’ont rien de Kurt Cobain ou Justin Bieber. Ils ont vingt-cinq ans et leur vie n’a pas l’air de décoller, loin de là même. Bryan Marciano déroule une histoire très classique (la perte du premier amour, le passage à l’âge adulte) qui comble son manque d’originalité par une sincérité criante. Grâce à une mise en scène soignée qui lorgne davantage vers les séries américaines (avec une musique parfois un peu trop appuyée d’ailleurs) que vers le tout-venant de la série française, Vingt-Cinq devient un tableau d’une jeunesse française un peu perdue et complètement au bout du rouleau.

Le thème principal de Vingt-Cinq : Comment surmonter la perte de son premier grand amour ? Marciano arrive à traiter ce sujet vu et revu avec un réalisme tantôt émouvant tantôt désopilant où nos jeunes acteurs découvrent la cruauté de la rupture et de la désillusion ainsi que la drague en 2018. Avec un humour parfaitement dosé et des personnages éminemment attachants, Vingt-Cinq arrive à trouver ce naturel dans le jeu de ses acteurs qui manque d’habitude dans le monde de la série française. Bryan Marciano, à la fois créateur, scénariste et acteur principal fait des merveilles et tire vers le haut un casting tout à fait réjouissant.

Chronique sincère et réaliste d’une jeunesse en mal d’amour et de reconnaissance, Vingt-Cinq surpasse son sujet banal pour devenir une série attachante, sincère et d’une drôlerie surprenante.
Une excellente découverte que l’on a hâte de poursuivre !

Diffuseur en France : OCS / Automne 2018

7- Succession (HBO)

de Jesse Amstrong avec Brian Cox et Jeremy Strong

Première mondiale
HBO, maître incontesté des séries, confie à Jesse Amstrong, scénariste de We Are Four Lions, la direction de Succession.
Succession nous parle de la passation de pouvoir de Logan Roy, patriarche de la puissante famille à la tête de la cinquième plus importante multinationale de médias et d’entertainement, à son fils Kendall.
Réalisé par Adam McKay, le pilote brille d’abord par sa lisibilité scénaristique où chaque membre de la famille bénéficie d’un soin égal dans l’écriture. Succession lorgne davantage vers Les Sopranos et The Wire pour discuter des enjeux d’une lutte de famille qui vire rapidement au drame et multiplie les coups bas.
Emporté par un Brian Cox impeccable et un Jeremy Strong surprenant, ce premier épisode met en place tous les éléments nécessaires à un grand drame Shakespearien sur fond de capitalisme effréné. Cette famille pervertie par le pouvoir et l’argent, incapable de comprendre la cruauté envers les plus modestes et pleine de ressentiment réserve, on le devine déjà, encore bien des surprises aux spectateurs.

En somme, avec un magnifique pilot aussi racé que passionnant, Succession a toutes les cartes en mains pour perpétuer la tradition des grands shows TV HBO à compter du 3 juin prochain.
A vos agendas !

Diffuseur en France : OCS

8- Patricia Moore (Blackpills)

de Blake Fraser avec Danielle Cormack, Les Hill et Marlo Kelly.

Première mondiale
L’Australie n’en finit plus de pondre des thrillers horrifiques de qualité ces dernières années. Après Love Hunters, Snowtown ou encore The Loved Ones, c’est au tour d’une série format court (9 épisodes de 10 minutes) de venir titiller le spectateur : Patricia Moore.

Produite par la plateforme mobile Blackpills, Patricia Moore suit le passage à l’âge adulte d’une jeune fille de 16 ans qui tombe amoureuse pour la première fois. Un pitch banal dites-vous ? Pas vraiment puisque Patricia vit avec son oncle Lorry, sa tante Marnie et son petite frère Charlie…et que la famille tente d’échapper à une secte cannibale dont ils ont gardé certaines “habitudes”.

Nerveuse, Patricia Moore ne tourne pas très longtemps autour du pot. La famille Moore est cannibale et s’en accommode très bien. Elle parcourt l’Outback en tuant discrètement pour se nourrir. Rapidement, la série se focalise sur Patricia, une jeune fille de 16 ans qui sert d’appât pour ramener de la viande à la maison.

Vous l’aurez compris, Patricia Moore joue sur l’inversion des rôles prédateurs/proie en faisant de Patricia une dangereuse séductrice. Seulement voilà, Patricia n’est pas un monstre. Elle commence même à se rendre compte que ce n’est pas très normal ce qu’il se passe dans sa famille. Une révélation d’autant plus cruelle qu’elle tombe amoureuse d’un garçon, Toby, et qu’elle ne peut pas établir de véritable relation avec lui.

Blake Fraser livre une série captivante, brillamment mise en scène et interprétée tout en s’inscrivant dans la ligne d’un We are What we Are ou d’un Devil’s Reject (la folie en moins). Il laisse suffisamment de zones d’ombres (La nature de cette fameuse communauté, la question des parents de Charlie et Patricia…) pour intriguer le spectateur.
Une sanglante surprise qui frappe fort, certainement l’une des meilleurs découvertes du festival !
A vos smartphones !

Diffuseur en France : blackpills (Application sur smartphones), sortie le 4 juin

9- The Marvelous Mrs Maisel (Amazon Prime)

d’Amy Sherman-Palladino avec Rachel Brosnahan et Alex Borstein.

Prix du public Series Mania

Nouvelle création d’Amy Sherman-Palladino à qui l’on doit déjà le très girly Gilmore Girls et Bunheads, The Marvelous Mrs Maisel, c’est aussi la production Amazon Prime qui a empoché le Golden Globe de la meilleure série comique et celui de la meilleure actrice dans une série comique en cette année 2018. Difficile donc de ne pas jeter un coup sur cette plongée dans les années 50 aux USA.

Miriam est une mère au foyer juive drôle, fidèle et dynamique. Son mari, Joel, a tout pour être heureux mais tient absolument à percer dans le milieu du stand-up. Un soir où tout se passe mal pour lui, il avoue à Miriam qu’il la trompe depuis quelques mois déjà et qu’il la quitte. Dévastée, celle-ci attrape une bouteille de vin, saute dans un métro et se retrouve sur scène dans un bar du coin. Et surprise : Miriam cartonne !

Nerveuse.
Voilà l’adjectif qui convient le mieux pour qualifier ce Marvelous Mrs Maisel porté par une actrice principale fabuleuse jusqu’au bout des cils : Rachel Brosnahan. Avec une écriture fluide, intelligente et pleine d’humour, Amy Sherman-Palladino nous perd dans un monde où la femme n’est encore qu’un objet domestique. Sa mise en scène inspirée et ample, parsemée de plan-séquence magnifiques, reproduit à merveille l’Upper West Side et son atmosphère.

Formellement impeccable, The Marvelous Mrs Maisel s’avère surtout une brillante réussite lorsqu’elle s’attaque à la place de la femme dans la société américaine des années 50. En démontant les préjugés et en expliquant l’émancipation de Miriam sous l’impulsion de la truculente Susie Myerson, la série devient un brillant manifeste féministe. N’y voyez rien de rébarbatif cependant car tout ici est pensé pour amuser et faire sourire. Des deux familles juives jouissives et totalement opposées à la tenancière d’un bar au franc parler hilarant, jamais la série n’ennuie une seule seconde. Elle profite du talent de ses acteurs et de sa dynamique d’écriture pour tirer le portrait d’une époque et d’une mentalité sociale. Et le résultat n’est rien de moins que brillant.
The Marvelous Mrs Maisel s’annonce comme une merveilleuse série où l’intelligence le dispute à l’humour. Génial !

Diffuseur en France : Amazon Prime

La critique complète de la série

10- Kiki and Kitty (ABC TV Australia)

de Nakkiah Lui avec Nakkiah Lui et Elaine Crombie

Prix lycéen compétition Format Court et Prix du Marathon Comédie

Première française / Marathon Comédie
Dans le genre OVNI, la palme du festival revient à une série australienne au format court : Kiki and Kitty. Diffusée par ABC TV en 2017, la série de Nakkiah Lui propose un postulat de départ totalement fou.

Kiki est une jeune aborigène australienne qui travaille pour devenir avocate dans une boîte chiante. Timide et mal dans sa peau, Kiki finit par se prendre une biture mémorable durant une soirée entre collègues et se réveille avec une femme noire délurée dans son lit…!
Et cette femme, Kitty, n’est autre que la personnification de son vagin que seule Kiki peut voir.

Alors que la chose apparaît comme potache au possible, Kiki and Kitty évite tous les pièges d’une telle situation et tire le meilleur de ses deux femmes truculentes à souhait. Non seulement la série aborde gentiment la question aborigène (en faisant le parallèle avec la condition noire !) mais elle explore également la gêne féminine envers son propre corps. Kiki n’est pas du tout un top model et Kitty va lui apprendre à s’aimer, tout simplement.

Mieux encore, Kiki assume jusqu’au bout sa personnification du vagin, tabou sociétal toujours très puissant actuellement et parle de l’organe sexuel féminin avec humour et justesse. La série s’avère aussi délicieuse qu’attachante, notamment grâce à ses deux héroïnes improbables.
Malgré une mise en scène des plus conventionnelles, Kiki and Kitty remporte le prix du cœur.
Intelligente, drôle, attachante, originale, une vraie bouffée d’air frais !

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

11- Babylon Berlin (Sky 1)

De Tom Tykwer, Achim von Borries et Hendrik Handloegten avec Volker Bruch, Liv Lisa Fries et Peter Kurth

Première française
Superproduction allemande, la série Babylon Berlin a déjà fait grand bruit dans son pays d’origine mais également Outre-Atlantique où elle a déjà été diffusée par Netflix. En attendant la distribution en France, la série se montrait pour la première fois en clôture du Festival Series Mania.

Série d’époque dans la lignée d’un Boardwalk Empire, Babylon Berlin visite la fin des années 20 en Allemagne sous la république de Weimar. L’inspecteur Gereon Rath et le détective Bruno Wolter font équipe au sein de la brigade mondaine pour démanteler un réseau de pornographes. Durant l’une des descentes, ils arrêtent König, un homme que semble bien connaître Gereon et qui serait en possession d’un film compromettant que le Dr Adenauer désire détruire à tout prix. Pendant ce temps, un réseau de trotskistes prépare une révolution pour s’emparer du pouvoir et risque de mettre Berlin à feu et à sang…

Production luxueuse au budget colossal, Babylon Berlin offre tout d’abord une reconstitution stupéfiante des années 20 en Allemagne, quelque part entre l’ascension des nazis au pouvoir et la fin des communistes agissant en coulisses. Bénéficiant d’une atmosphère remarquable dans un Berlin plus vrai que nature, la série multiplie les intrigues sans jamais perdre son spectateur en cours de route. Mené par un remarquable Volker Bruch, Babylon Berlin s’oriente très vite vers le policier pour une enquête aux retentissements politiques évidents. Par la même occasion la série explore la situation sociale de l’époque grâce au personnage de Charlotte Ritter, contraint de vivre dans des conditions précaires avec sa famille et à se prostituer occasionnellement pour survivre.

Avec sa reconstitution digne d’un Boarwalk Empire et une intrigue aussi dense que passionnante, Babylon Berlin promet énormément. On a hâte d’en voir davantage !

Diffuseur en France : Canal + en Décembre 2018

Critique complète de la saison 1 de Babylon Berlin.

Critique complète de la saison 2 de Babylon Berlin.

12- The City and The City (BBC)

De Tony Grisoni et China Miéville avec David Morrissey, Mandeep Dhillon et Maria Schrader

Adaptée de l’excellent roman de China Miéville, The City and The City est une mini-série britannique de la BBC créée par Tony Grisoni. L’inspecteur Borlu y enquête sur la mort d’une jeune femme au sein d’une ville imaginaire scindée en deux. D’un côté Ul Qoma, une cité qui semble brillante et progressiste, de l’autre Beszel, rongé par la misère et par l’extrémisme. Les deux villes intriquées s’ignorent depuis leur origine et une brigade spéciale, La Rupture, punit ceux qui enfreignent les règles de cette séparation.

Difficile d’expliquer l’étrangeté de The City and The City, une étrangeté qui paraît pourtant tout à fait lisible grâce à l’excellente travail d’adaptation de Tony Grisoni qui tire le meilleur du roman de Miéville. Même s’il modifie un certain nombre de chose, il arrive à conserver l’esprit de l’oeuvre originale mais surtout à retranscrire l’atmosphère si particulière de The City and The City.

La série peut également compter sur l’ingéniosité de Tom Shankland qui parvient à porter à l’écran ce phénomène abstrait qu’est l’évisement (fait de ne pas voir l’autre ville…) avec quelques trucs simples mais efficaces. La mini-série s’avère aussi convaincante que dense et profite à plein régime de l’univers étranger imaginé par Miéville entre dictature et peur de l’autre.

Une belle réussite en somme emmenée par un David Morrissey parfait en inspecteur Borlu. A recommander chaudement à ceux qui voudraient découvrir un polar à l’univers atypique.

→ La critique complète de la série The City and The City !

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

→ Les séries qui valent le coup d’œil

1- ROMPER STOMPER (Stan)

de Geoffrey Wright, Dan Edwards et John Edwards avec David Wenham, Jacqueline McKenzie et Toby Wallace.

Première française
Vingt-six ans après le film original, Geoffrey Wright adapte son oeuvre pour le petit écran et en profite pour l’actualiser.
Plus question de racisme envers les vietnamiens mais bien de persécution religieuse envers la population musulmane.
Romper Stomper nous emmène aux côtés d’un groupe de néo-nazis, les Blue Patriots, dans les rues de Melbourne en 2017. Dans un climat de plus en plus xénophobe et avant le vote d’une loi anti-immigration particulièrement délicate, une altercation entre fascistes et antifa dégénèrent. En sauvant le leader des Blue Patriots, Kane va devenir l’un des leurs et s’imposer rapidement comme un meneur particulièrement zélé.

Plongée terrifiante dans la mouvance néo-nazi et les groupuscules d’extrême-droite, Romper Stomper surprend le spectateur par l’intelligence et la densité des thématiques politiques qu’il aborde. Accointances avec les médias, formation de milices ou endoctrinement de nouveaux membres, la série porte également son regard sur le vécu des musulmans pris au piège dans les mailles de la propagande fasciste ainsi que le rôle des antifa. C’est d’ailleurs ces derniers qui constituent pour le moment le point faible de la série qui a un peu trop tendance à les idéaliser.

Heureusement, les personnages et leurs trajectoires ainsi que la nervosité de l’écriture du show laissent peu de temps mort au spectateur. Romper Stomper s’avère aussi réaliste que glaçante et culmine même durant une scène de débat télévisée où le génial David Wenham expose tout ce qu’il se dit actuellement sur les musulmans sur les réseaux sociaux…et dans les débats politiques en Australie, n’en doutons pas !

Aussi fascinante que prenante, Romper Stomper donne à réfléchir. Que l’on soit complètement d’accord avec ce qu’elle dénonce ou pas, la série dispose de sérieux arguments pour s’imposer.
Une surprise acide et qui fait cogiter.

Aucun diffuseur français pour le moment

2- Doxa (Studio 4/France Télévision)

d'Alexandre Pierrin avec Sébastien Chassagne, Aude Gogny-Goubert et Romain Vissol

Première mondiale
Dans la jungle des webséries, Doxa tente de creuser son trou en mêlant deux genres à priori difficilement compatibles sur le petit écran français : l'humour et la contestation.
Doxa adopte un format 10 minutes (pour un total de six épisodes) pour suivre Arthur, un petit génie des sondages qui va faire une erreur dans l'un de ses travaux sur les goûts préférés des gens concernant une future gamme de yaourts. Alors qu'il croit perdre sa place pour une erreur aussi évidente, il constate avec stupeur qu'il n'en est rien et que dans le monde des sondages, tout est question de manipulation des chiffres ou presque.

Avec son ton caustique à la Fight Club et ses personnages de gentils losers, Doxa offre un moment de détente bien moins anodin qu'il n'y parait au premier abord puisqu'il glisse quelques idées très impolitiquement correct dans l'oreille de ses spectateurs. Tout d'un coup, le monde du sondage devient un levier politique et le gentil enrobage humoristique permet de faire oublier que le propos de fond concerne des sujets brûlants d'actualité.
Si l'on peut déplorer quelques inégalités dans le jeu des acteurs, la série tire son épingle du jeu avec un personnage principal attachant en diable. Côté humour, même si la série recycle certains poncifs (le pote squatteur, la belle fille à séduire ou la patronne frontale...), Doxa s'en tire avec les honneurs sans tomber dans les imbécillités habituelles des séries françaises.

A l'arrivée, Doxa crée la surprise et arrive à se renouveler ingénieusement sur ces trois premiers épisodes. Mêlant un aspect ludique inattendu et un versant humoristique réussi, la série d'Alexandre Pierrin parvient à trouver sa propre voie.
Une sympathique découverte !

→ Critique complète de la série

Diffuseur en France : Studio 4 / Disponibilité en ligne sur France Télévision à compter du 10 Mai 2018

3- Significant Other (yes)

de Dana Modan avec Dana Modan et Assi Cohen.

Marathon Comédie / Première française
Autre série israélienne au format court après On The Spectrum, Significant Other s’intéresse au suicide raté d’un homme interrompu par sa voisine d’immeuble qui fait une crise cardiaque au même moment. Tous les deux se retrouvent à l’hôpital et doivent reconsidérer leurs choix de vie respectifs.

Avec un abord crûment réaliste, et pour tout dire assez terne, Significant Other vise moins la comédie que le drame mâtiné d’humour dans lequel la trajectoire de deux individus se voit modifiée par un (heureux) hasard. Bien loin de la sitcom, la série de Dana Modan porte un regard intéressant sur la dépression et la maladie en générale. En croisant le portrait d’une malade du cœur et d’un malade de “la tête”, l’israélienne parle des deux versants de la solitude.

Car au fond, Significant Other parle avant tout de la solitude et du besoin d’un autre, n’importe quel autre, pourvu que l’on puisse s’échapper d’un quotidien mortifère. Les deux personnages principaux, profondément humains, présentent des fêlures et des défauts mais s’interrogent surtout chacun à leur façon sur le deuil d’une relation. Imaginaire pour l’une, brisée pour l’autre. Cette volonté de réalisme diminue l’impact comique de la série mais renforce son humanité.

Même s’il reste à convaincre sur la durée (12 épisodes de 25 minutes), Significant Other s’avère une intéressante peinture de la solitude humaine et du besoin de l’autre.
Un essai moins comique qu’attendu mais pas moins convaincant.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

4- Fucking Adelaide (ABC TV Australia)
de Sophie Hyde avec Kate Box, Tilda Cobham-Hervey et Brendan MacLean.

Première mondiale
Après une excellente série Israélienne (On The Spectrum), c’est au tour de l’Australie de présenter une série au format court avec Fucking Adelaide.
En 6 x 15 minutes, Sophie Hyde dresse le portrait choral d’une famille australienne vivant dans la ville d’Adélaïde, loin de l’Outback ou de Sydney. Chaque épisode se concentre sur le point de vue d’un membre de la famille et tisse ainsi patiemment un canevas à mi-chemin entre comédie et drame.

Eli, Emma et Kitty viennent rejoindre leur mère dans leur ville natale d’Adélaide car celle-ci a décidé de revendre la maison familiale. Dès lors, les trois enfants devenus adultes font face à leur souvenirs et à la douleur qui entoure le départ de leur père. Les personnages s’avèrent à la fois terriblement attachants et excentriques, entre Kitty et ses amants, Emma et son besoin de communication ou encore Eli et ses frasques musicales/sentimentales. Cette galerie d’individus blessés attendrit le spectateur tout en douceur, bercer par une réalisation soigneuse et une musique inattendue qui lorgne vers les sonorités étranges d’un Swiss Army Man.

Outre son aspect comique (finalement très léger et très bien placé), Fucking Adelaide s’affirme autant comme une histoire de racines que de genres. Ceux-ci prennent une place non négligeable dans la série sans jamais l’étouffer. L’homosexualité, la bi-sexualité et le transgenre n’étant pas traités comme des curiosités mais bien comme des éléments du quotidien. Sophie Hyde trouve toujours la subtilité nécessaire pour faire passer le tout et porte un regard plein d’amour et de tendresse sur les personnages de doux-dingues qu’elle rassemble.
Un OVNI sacrément attachant et sensible.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

5- Ad Vitam (Arte)

de Thomas Cailley avec Yvan Attal et Garance Marilliere

Prix de la meilleure série de la compétition officielle française

Première mondiale
Les tentatives de séries science-fictives françaises ne sont pas nombreuses à l’heure actuelle. C’est pour cette raison que les récents essais d’Arte en la matière telle que Trepalium ou Transferts ont de quoi intriguer. Cette fois, c’est le réalisateur de l’excellent film Les Combattants, Thomas Cailley, qui s’essaye à cet exercice périlleux avec Ad Vitam, une série en 6 épisodes en format 52 minutes.

Dans un futur indéterminé, la mort n’existe plus ou presque. Grâce à la Régénération, les hommes peuvent désormais vivre comme des immortels. Darius, flic fatigué et sur le départ après, doit enquêter sur le suicide de plusieurs mineurs retrouvés morts sur une plage. Âgé de 119 ans, il doit tenter de comprendre les motivations des jeunes qui rejoignent un mouvement sectaire pro-suicide à le veille d’un référendum sur le contrôle des naissances. Pour cela, il doit demander de l’aide à Christa, l’une des survivantes de la dernière vague de suicides qui vit désormais dans un asile psychiatrique…

Si Ad Vitam présente une mise en scène de qualité, il faut avouer que le principal attrait de la série réside avant tout dans son univers et les thématiques que le récit tente d’aborder avec plus ou moins de réussite. En se penchant sur l’immortalité et la peur de la mort, Ad Vitam tient un sujet solide que la série à pourtant du mal à exploiter en profondeur. Préférant s’orienter sur une jeunesse perdue et toujours plus ignorée par la société, Thomas Cailley élude trop rapidement les enjeux d’un monde où la mort n’existe quasiment plus.

Malgré tout, ces deux premiers épisodes parviennent à maintenir un certain suspense et semble mieux réussir dans le côté polar que dans la perspective science-fictive pure et dure avec un univers parfois un tantinet kitsch. Le véritable problème d’Ad Vitam réside dans son casting très inégal une fois sorti des excellentes prestations d’Yvan Attal et Garance Marilliere. Comme nombre de séries et films français, les acteurs semblent déclamer plutôt qu’incarner leurs dialogues et le tout donne souvent une sensation d’artificialité qui dessert le réalisme voulue de la série.

En somme, Ad Vitam intrigue sans convaincre totalement. Elle reste cependant une intéressante proposition science-fictive qui mériterait simplement de prendre plus de risques dans les thématiques qu’elle aborde. Peut-être pour les quatre épisodes suivants ?
Un essai de polar science-fictif intriguant mais perclus de défauts.
À suivre…

Diffuseur en France : Arte

6- Anne + (Foundation & Millstreet Films)

de Maud Wiemeijer avec Hanna van Vliet, Eline van Gils, Djamilla Landbrug et Kirsten Mulder.

Première mondiale
Autre websérie de la compétition format court, Anne+ est une production hollandaise qui suit les déboires sentimentaux d’Anne, une jeune étudiante vivant à Amsterdam. Financée par crowdfunding et tournée sur 8 mois, c’était la première fois que la série se montrait en festival.

La particularité la plus notable d’Anne+ ? Avoir une héroïne lesbienne revendiquée et affirmée interprétée par l’excellente Hanna van Vliet, parfait parfum de fraîcheur et de naturel. Si la série se veut une production indé jusque dans ses choix de mise en scène, elle l’est également dans sa façon si particulière de croquer ses personnages.

Problème, Anne+ n’invente rien, bien au contraire. En exposant des histoires d’amour adolescentes, la série ne renouvelle pas le genre. Rien d’original en somme, ce qui constitue à la fois une faiblesse évidente et une force puisque, comme on l’a dit plus haut, Anne+ s’adresse avant tout à la communauté LGBTQ. En ce sens, le côté le plus subversif d’Anne+ est certainement de montrer aux spectateurs que les amours d’une lesbienne sont exactement les mêmes que ceux de tout un chacun, redonnant donc à la communauté une normalité qui devrait aller de soi.

Tendre et frais, Anne+ dégage un quota sympathie évident encore renforcé par la volonté de construire son personnage principal à travers une histoires d’amour (ou de sexe, voir les deux !) différente à chaque épisode. D’où le + à côté d’Anne qui permet de laisser place à un nom différent pour chaque épisode.
Sincère mais peu originale, Anne+ a le mérite de livrer des tranches de vies authentiques et de montrer l’amour homosexuel comme…un amour ordinaire.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment / Sortie en Octobre aux Pays-Bas

7- Future Man (Hulu)

De Kyle Hunter, Howard Overman et Ariel Shaffir avec Josh Hutcherson, Eliza Coupe et Derek Wilson

Marathon Comédie
Produit par la chaîne Hulu (déjà responsable de The Handmaid’s Tale), Future Man est diffusé en France par OCS. Cette série comique au format 30 minutes suit les aventures de Josh Futturman (excellent Josh Hutcherson), un agent d’entretien d’une entreprise de recherche biologique. Mais surtout Josh est un féru de jeux vidéos et notamment Biotic Wars qu’il n’a encore jamais réussi à terminer. Le jour où il y parvient enfin, deux personnages du jeu débarquent dans sa chambre pour lui expliquer qu’il est le Sauveur tant attendu destiné à sauver le monde de la destruction totale.

Derrière ce pitch de science-fiction improbable se cache une série référencée et drôle qui mêle voyage temporel et humour. Avec son hommage évident à des films comme Retour vers le Futur ou Terminator, Future Man a de quoi réjouir les connaisseurs de science-fiction…mais pas que. En effet, la série peut également compter sur un personnage principal de loser attachant ainsi qu’un duo venu du futur totalement décalé.

Non seulement la série bénéficie d’un soin particulier dans sa mise en scène, mais elle arrive à ne jamais tomber dans l’outrance grâce à un humour savamment dosé. Il lui manque certes encore quelque chose pour parvenir réellement à marquer le spectateur, mais en l’état elle présente un capital sympathie assez important pour pousser à suivre les aventures de Josh Futturman.

→ La critique complète de la série Future Man !

Diffuseur en France : OCS

8- AP Bio (NBC)

De Mike O’Brien avec Glenn Howerton, Lyric Lewis et Mary Sohn

Première française / Marathon Comédie
Scénariste pour le fameux Saturday Night Live, Mike O’Brien passe à la série télévisée avec A.P Bio, sorte de Bad Teacher au masculin emmené par un Glenn Howerton particulièrement en forme. Produite par la chaîne NBC (qui n’a jamais fait grand chose de bien jusque là…), A.P Bio joue la carte de l’irrévérence au cœur d’un lycée qui n’en demandait pas tant.

Débarqué de son poste à Harvard, Jack Griffin se retrouve parachuté prof de biologie à la Whitlock High School. Mais Jack s’en fiche et n’a qu’une seule obsession : ridiculiser l’homme qui lui a pris sa place, Miles Leonard, et s’envoyer en l’air avec son ex. Pour se faire, il va utiliser ses élèves et va vite comprendre toutes les possibilités que le pouvoir enseignant lui confère. C’est avec ce postulat que tiennent les deux premiers épisodes montrés durant le festival.

Méchante, caustique et doucement irrévérencieuse, A.P Bio profite d’un Glenn Howerton aussi détestable qu’hilarant qui utilise les gamins dont il a la charge pour parvenir à ses fins. Avec un humour parfois vraiment borderline, A.P Bio offre de belles tranches de rigolade à son spectateur. Si l’on regrette une réalisation des plus banales, on apprécie la méchanceté des blagues et l’absolu égoïsme de ce prof décidément pas comme les autres.

Drôle, parfois décalé, souvent borderline, A.P Bio réjouit avec ces premiers épisodes. Le problème étant qu’il s’agit d’une production NBC et qu’il faudra donc voir la suite pour savoir si oui ou non la série de Mike O’Brien vaut vraiment le coup.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

9- DragonSlayer666 (YLE)

d’Aleksi Delikouras avec Samuel Kujala et Eino Manner

Première française
Autre websérie intéressante, DragonSlayer666 explore le milieu des hardcore gamers à travers le personnage d’un ado de 19 ans qui ne vit que par le jeu vidéo. Le problème, c’est qu’un jour sa mère jette son ordinateur et que la vie semble basculer pour DragonSlayer666.

Peinture drôle et réaliste (quoique l’on en dise) du monde des gamers, DragonSlayer666 emploie un humour très (trop?) spécialisé qui ne convaincra certainement qu’une partie congrue du public. Les déboires de son personnage principal annonce pourtant quelques savoureuses péripéties dans un univers où la compétition est reine.

Entre passage à l’âge adulte et gaming extrême, la série peut compter sur l’excellente interprétation de son anti-héros ainsi que sur sa galerie improbable de gamers/losers adolescents. Une sympathique websérie qui pourrait devenir le pendant gamer d’un Big Bang Theory.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

→ Les séries à oublier

1- The Counted (START.RU)

d’Inna Orkina avec Maria Mashkova et Diana Pozharskaya

Première française
Première curiosité (et surement pas la dernière dans cette sélection internationale), la série russe The Counted s’est montrée au cours de deux épisodes de 48 minutes sur les seize que compte la série.
L’histoire s’intéresse à la mission de deux épidémiologistes qui cherchent l’origine d’une épidémie dans la région russe frontalière avec la Finlande : la Carélie.
Sous influence Lostienne et X-Filienne, la série dresse une ambiance convaincante quelque part entre l’archaïsme de la campagne russe et le froid glacial de la Taïga.
Problème, c’est à peu près le seul point fort de The Counted qui ne peut compter ni sur un casting aux performances très inégales (quand on ne parle pas simplement de surjeu éhonté) ni sur une ligne narrative crédible et intelligible.
Le questionnement médical est aussi vraisemblable qu’un épisode de Plus Belle La Vie et les deux personnages principaux, repompage à peine voilé du duo de la série X-Files, s’avèrent rapidement des archétypes embarrassants à l’histoire d’amour vue et revue.

Dommage en somme pour cette série qui avait pourtant un potentiel indéniable notamment en regard des légendes traditionnelles russes qu’elle semble recycler. Il reste certes quatorze épisodes à The Counted pour plonger plus avant dans cette mythologie mais la médiocrité des acteurs et de l’écriture auront tôt fait de nous aiguiller vers d’autres horizons sériesques.
Une énorme déception.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

2- Action Team (ITV)

de James De Frond avec Tom Davis, Laura Checkley et Kayode Ewumi

Marathon Comédie
Lancée en 2018 sur ITV, la série comique Action Team se risque à la parodie ouverte de James Bond. James De Frond présente une équipe du MI6 menée par le légendaire (ou pas) Logan Mann, sorte de James Bond leaderprice qui fait passer Archer pour un professionnel.

Action Team, c’est donc six épisodes de 30 minutes chacun qui annonce le ton d’emblée. Alors que notre “héros”, Logan, se penche sur un agent-double en train d’agoniser, celui-ci lui fait remarquer que son pénis dépasse de son pantalon…ce qui s’avère être le cas ! Si vous attendiez d’Action Team un humour fin, irrévérencieux et british, vous en serez pour vos frais.

Blagues potaches tout azimut, surjeu assumé mais franchement lourdingue à la longue et histoire pas franchement passionnante, Action Team n’arrive jamais à se défaire de son humour gras et pipi-caca pour bâtir une véritable dynamique d’équipe.

Contrairement au génial Archer (FX), et malgré de nombreux clins d’œil à James Bond, Action Team se révèle tout simplement lourd et embarrassant. On rit à quelques gags de temps à autre mais le résultat final, marqué par une mise en scène tape-à-l’œil aussi discrète que ses héros, finit par lasser.
A éviter (à moins que vous ayez l’humour d’un enfant de 12 ans)

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

3- High and Dry (Channel 4)

de Marc Wootton avec Marc Wootton, Asim Chaudhry et Harry Peacock

Première française / Marathon Comédie
Pourtant excellent lorsqu’il s’agit d’humour, les britanniques semblaient un tantinet en retrait dans le festival cette année. Après la déconvenue Action Team et son humour pici-caca, High and Dry fait le pari d’une parodie de Lost avec un steward gay et fêlé aux commandes et quatre passagers tous plus farfelues les uns que les autres pour le supporter.

Malgré un concept alléchant sur le papier, la série se révèle rapidement aussi laborieuse dans sa narration que dans son humour. Les acteurs en font des tonnes tout comme l’écriture d’ailleurs sans que l’on puisse vraiment dire que chaque épisode fasse montre d’assez de suspense pour pousser le spectateur à continuer. C’est même plutôt le contraire.

La vraie déception là-dedans, c’est qu’il y avait du potentiel dans ce projet mais que High & Dry accouche d’une souris à l’arrivée. Pas assez délirante quand il le faut et trop lourde quand il ne le faut pas, la série britannique lasse plus vite qu’elle n’engrange les gags. Si l’on apprécie quelques références geeks bien placées, c’est à peu près tout le bien que l’on peut tirer de cet essai raté.
Franchement oubliable.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

4- Idiomatic (Elisa)

de Karoliina et Niklas Lindgren, Kris Gummerus avec Anna Paavilainen, Elmer Bäck et Mikko Pentilä

Marathon comédie/ Première française
Comédie au format court, Idiomatic nous vient tout droit de Scandinavie, de Finlande pour être précis. La série suit un jeune couple qui s’installe ensemble malgré leur manque de moyens évident. Aino est finlandaise, Micke est suédois. La proximité géographique de leurs origines devrait les rapprocher mais l’on constate bien vite que la chose est bien plus complexe qu’il n’y parait.

Idiomatic fait le pari de la comédie romantique multiculturelle et…s’y casse les dents. La mise en scène glaciale qui sert d’habitude si bien les œuvres scandinaves devient ici un boulet évident qui enlève toute la chaleur d’une oeuvre désespérément glaciale. L’humour, très discret, échappe souvent au spectateur français qui ne semble pas du tout être le bon public pour appréhender un sujet social très nordique.

Le pire ici, c’est qu’Idiomatic est loin d’être mauvaise. Son couple d’acteur est plutôt bon, sa mise en scène propre et élégante, son fond social certainement très pertinent…mais on reste en dehors. Tout simplement. La série scandinave se regarde avec un ennui poli et arrive à peine à tirer quelques sourires gênés au spectateur.
Dommage.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment

5- In The Vault (go90)

De Ben Epstein avec Jac Bernhard, Caleb Castille, Gerry Garcia

Première française
Lorsque l’on croit que les séries télévisées sont enfin devenues plus que ce qu’elles ont été par le passé, on finit toujours par tomber sur quelque chose comme In The Vault. Produit par Haven Entertainement (qu’on ne remercie pas d’ailleurs), In The Vault c’est l’histoire teenager ultra-originale qui voit le meurtre (ou le suicide, mystère) d’une étudiante lors de la première année de fac. Immédiatement, ses amis se mobilisent pour enquêter sur cette affaire des plus louches (mais affreusement courante dans les bahuts américains).

Rassemblant en deux épisodes plus de clichés qu’un troupeau de touristes en goguette, In The Vault peut compter (ou pas) sur le surjeu constant de TOUS ses acteurs aussi crédibles en lycéen que Benjamin Biolay en chanteur de Hard Metal. L’intrigue, aussi débile que ses acteurs, a beau gérer son suspense de façon convaincante, il s’avère qu’il n’y a strictement rien d’autre à sauver là-dedans.

Crétin, mal joué, cliché au possible, In The Vault rappelle qu’il y aura toujours des producteurs pour jeter l’argent par les fenêtres et des gens qui pensent que les séries sont encore des soap insipides à la sauce CW.

Diffuseur en France : Aucun pour le moment (et heureusement)

Nicolas Winter

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