Iron Man 3

Tony Stark meets Shane Black

Nicolas Winter
Juste un mot
Published in
5 min readApr 30, 2018

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Depuis les événements de New-York, Tony Stark n’est plus tout à fait le même. Après avoir repoussé une invasion extra-terrestre fomentée par Loki, Iron Man vit dans la crainte que l’on s’en prenne non seulement à sa personne mais aussi à la femme qu’il aime, Pepper Potts. Mais c’est bien plus loin dans son passé que Tony devra chercher pour trouver les germes de son Némésis, Le Mandarin, qui sème la destruction de par le monde au gré d’attentats suicides dévastateurs. C’est aussi l’occasion pour Pepper Potts de recevoir une vieille connaissance en la personne Aldrich Killian. Le couple sera-t-il assez fort pour surmonter les épreuves qu’il l’attend ? Rien n’est moins sûr.

Shane Black is back ! Après de longues années d’absence, le génie qui a carrément inventé le buddy movie des années 80 avec les scripts cultes de l’Arme Fatale, Last Action Hero ou encore Le Dernier Samaritain, revient sur le devant de la scène en réalisant le blockbuster ultra-attendu Iron Man 3. Premier volet de la Phase 2 chez Marvel (qui prendra fin en 2015 avec Avengers 2), c’est aussi le second long-métrage de Black au poste de réalisateur après le truculent Kiss Kiss Bang Bang. Coïncidence, ce dernier reposait sur les épaules d’un certain Robert Downey Jr. L’alchimie entre l’acteur et le réalisateur ne s’en retrouve que plus succulente.

Enquillant deux super-méchants avec Le Mandarin, très connu des fans du comic-book (équivalent pour Iron Man du Joker de Batman), et Aldrich Killian, inventeur du virus Extremis, le long-métrage possède également une durée conséquente de plus de 2h. Après la base solide de Jon Favreau dans les deux premiers volets, celui-ci a donc cédé la place mais reste l’interprète d’Happy Hogan (qui bénéficie de plus de temps ici que dans les deux précédents volets réunis !). Le changement de style et de ton s’avère donc immédiat.

Bien entendu, Tony Stark reste Tony Stark avec sa prétention et son humour habituel. Mais le personnage a évolué depuis les événements d’Avengers. Black a l’excellente idée de faire de l’Armure de Tony une sorte de refuge contre son anxiété chronique, sorte de bulle indestructible mais par-là même véritable drogue pour le héros qui ne jure plus que par ses amures. De même, notre beau milliardaire a désormais une compagne qu’il aime et cela se sent puisqu’il ne prend plus forcément autant de risques qu’avant sans avoir couvert Pepper. Celle-ci s’avère d’ailleurs transfigurée par Black. Évoluant de la potiche gentille et amoureuse habituelle à une héroïne à part entière, le réalisateur tord le cou aux clichés et donne du neuf sur le personnage qui n’a jamais été aussi bon.

En étalant son intrigue sur une durée aussi longue, non seulement Black a le temps d’étoffer ses personnages mais aussi de construire un vrai méchant bad-ass en la personne du Mandarin. Soyons clair, les fans du comics vont hurler pendant des heures à la trahison tant le personnage s’éloigne énormément de l’original. Mais Black prend le risque de surprendre tout le monde et livre au final quelque chose de singulièrement original qui sert également son propos. On vous laisse la surprise mais sachez que celle-ci vous tirera bien des rires par la scène qui la dévoile au départ. L’humour reste d’ailleurs une marque de fabrique de Shane Black et Iron Man 3 ne fait pas exception, plus présent que jamais.

D’ailleurs, le propos sur le terrorisme d’Iron Man fait de Shane Black un kamikaze en puissance. Simple mais extrêmement osé comme message dans un film américain grand public, pour son retour sur scène, le réalisateur n’a pas froid aux yeux et prend un gros risque auprès du public des États-Unis. Gageons que cette audace bienvenue ne le condamne pas. D’autant plus qu’à la réalisation, il assure méchamment, la scène de la destruction de la maison de Tony s’inscrit comme dantesque et superbement filmée tout comme la scène de combat final vraiment géniale. C’est certain Black passe son examen avec mention de ce côté. C’est vif, intense, lisible… bref excellent.

Malheureusement, Iron Man 3 n’est pas parfait. C’est un problème de longueur et de rythme qui plombe un peu le film de Black opérant artificiellement une cassure de rythme évidente après l’attaque de Malibu et contrastant avec la suite des événements. De ce fait, le film a tendance à faire retomber sa tension dramatique après un grand pic d’adrénaline et le passage avec l’enfant et Tony paraît s’éterniser un tantinet… Erreur de jeunesse certainement. Heureusement, l’humour rattrape un peu les choses et le concept même des méchants permet aussi de gentiment s’amuser. Sorte de X-men like, les sbires du Mandarin sont des surhommes impressionnants et leur maître s’avère vraiment inquiétant pour Iron Man qui bénéficie ENFIN d’un ennemi à la hauteur. Une excellente nouvelle.

Et c’est bien grâce au talent des acteurs que le film finit de réjouir. Robert Downey Jr reste absolument génial, cet homme était né pour être Tony Stark mais Gwyneth Paltrow ne dépare pas non plus, alternant avec une aisance rare la force et la faiblesse en quelques minutes. LA claque du film reste bien sûr Guy Pearce, acteur bien trop sous-exploité (il faut le voir dans Memento et Lawless pour s’en convaincre) et qui fait merveille dans un rôle à sa mesure. De même, Ben Kingsley joue d’excellence et… d’inattendu ! En y rajoutant une bande-son vraiment prenante, voilà un très joli succès pour Black.

Certainement l’un des Marvel les plus mésestimé avec Captain America : The First Avenger, Iron Man 3 profite d’une galerie d’acteurs géniaux, d’un bad guy excellent, d’une originalité et d’une audace bienvenue, d’un humour de tous les instants et surtout d’une grosse dose de fun. Malgré un rythme bancal, Shane Black revient en force et signe un succès.
Rien de moins.

Note : 8/10

Meilleure scène : La destruction de la maison de Malibu

Meilleure réplique : « C’est quoi ton mot de passe ? » « Euh c’est… » « Allez lâche » « War Machine ROX »

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