Les libraires, un patrimoine français en 10 portraits !

Essentiels qu’on vous dit !

Nicolas Winter
Juste un mot
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23 min readApr 21, 2021

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Dans la chaîne du livre, on parle très souvent des éditeurs et des auteurs… mais qu’en est-il des premiers dealers de bouquins, les libraires ?
Parce que ce sont eux qui, bien souvent, nous font acheter des livres qu’on avait pas prévu sur notre pile à lire (celle qui menace de s’effondrer à tout moment), ce sont eux encore qui nous conseille et nous aiguille et il était temps de leur rendre honneur en plongeant dans leurs secrets à travers ces dix portraits sur un métier ô combien passionnant et engagé !

Pourquoi devenir libraire ?

Pour ma part, un libraire est à la fois un gros lecteur et un bon commerçant. Les deux casquettes m’éclatent tout autant : deux passions en une.
La librairie est un immense terrain de jeu, le libraire, un passeur.
On donne beaucoup pour ce métier, on reçoit aussi beaucoup.
Humainement et culturellement parlant, c’est intarissable.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Au départ, ce n’était pas au programme.
Pas grand-chose ne l’était d’ailleurs.
Tout a commencé par hasard, grâce à un stage effectué pour valider mon BTS. Cela n’a pas collé de suite, mais grâce à la lecture et des belles rencontres, la mayonnaise a pris. Je fais ce métier depuis une dizaine d’années maintenant, avec le cœur et la tête, sans compter les heures.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Je pense que c’est la librairie, en tant que lieu, qui apporte au lecteur.
Toutefois, le libraire et la librairie sont intrinsèquement liés : sans mon premier, mon second a toutes les chances de finir aseptiser et de se résumer à un catalogue des meilleures ventes.
Un libraire doit alimenter la curiosité littéraire, peut accompagner les choix du lecteur, et offrir au plus grand nombre un endroit dans lequel, l’humain, le plaisir, le partage et la découverte tourbillonnent.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Fly de Kōji Inada et Riku Sanjō aux éditions J’ai Lu Manga
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Les éditions L’Atalante
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Quatre chemins de pardon d’Ursula K. Le Guin aux éditions L’Atalante
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = Le langage de la nuit d’Ursula K. Le Guin aux éditions Aux Forges de Vulcain/Le Livre de poche
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Kra de John Crowley aux éditions L’Atalante
  • Le livre le plus dur que vous avez lu = 300 millions de Blake Butler aux éditions Inculte
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = Le cycle de Syffe tome 1 : L’enfant de poussière de Patrick K. Dewdney aux éditions Au Diable Vauvert/Folio-SF
  • Le dernier livre que vous avez lu = Curiosity de Sophie Divry aux éditions Noir sur Blanc
  • Le livre que vous attendez le plus = Le Livre de Koli de M. R. Carey aux éditions L’Atalante
  • L’auteur/l’autrice que vous préférez = Ursula K. Le Guin
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Les meilleures ventes, chez nous, me satisfont pleinement !

Retrouvez Mathieu Betton à la Librairie L’Atalante au 15, rue des Vieilles-Douves 44000 Nantes, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter)

Pourquoi devenir libraire ?

Pour s’amuser, lire, parler, rester éveillé, curieux, nourri, combatif, libre, riche (bon! là c’est une métaphore hein!), à un moment je me suis dis que c’était ce que je voulais vivre… Et suivre le chemin défriché par Donjons & Dragons à l’adolescence, par Tolkien, Dick et Moorcock, par les collections du Fleuve Noir de tonton aussi… Et lutter contre l’ennui… Et partager toujours… Et rencontrer toujours… Libraire rentrait dans ces clous là!

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Il y a trente ans, armé d’un cutter à la réception des colis (j’avais l’impression d’être devant des piles de cavernes d’Ali Baba)… J’avais été recalé à l’IUT métiers du livre de Bordeaux après une licence de socio mais j’avais deux ans d’expérience en logistique sur les parcs d’expo parisien, un magasinier avait fait faux-bond en plein mois de septembre à la librairie…
Et me voilà qui glisse un orteil !
En bon vendeur d’aspirateur j’ai fini par m’assoir à la table basse du salon pour siroter une liqueur et me fondre dans le lieu.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Plus de finesse qu’un algorithme… La prescription du libraire est hautement individualisée et nous prenons plus de risques qu’une plateforme. C’est aussi emmener nos clients vers d’autres sentiers que ceux balisés par l’évidence (vous aimez Musso ? Essayez Levy !).
Chaque libraire, par son intelligence et sa sensibilité, a, un jour ou l’autre, changé la vie de quelqu’un juste par ses choix, pas cent milles personnes évidemment mais quelques-unes certainement.
Et ça..! Et puis porter des projets comme Les Utopiales avec d’autres c’est aussi participer à quelque chose, cette fois-ci, de collectif, de très réjouissant et de plus grand que soi.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = La fameuse Invasion de la Sicile par les Ours de Dino Buzzati
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Le Bélial’, je lis quasi tout mais je suis atteint de papillonite (maladie du libraire).
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Le Seigneur des Anneaux de J.R.R Tolkien.
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = La peau du loup d’Hans Lebert (réalisme magique autrichien), Verts abîmes de Neil Gunn (fable dystopique écossaise) et Pollen de Jeff Noon (je ne sais toujours pas ce que c’est)
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = la nouvelle La ménagerie de papier de Ken Liu et vingt pages magiques dans Stone junction de Jim Dodge
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Ouch! question difficile… Peut-être Yapou bétail humain de Shozo Numa dans nos domaines ?
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu
  • Le dernier livre que vous avez lu = Gnomon de Nick Harkaway
  • Le livre que vous attendez le plus = Ru de Camille Leboulanger (c’est le prochain dans la pile en fait haha!)
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Celui que j’embarque sur mon île déserte tiens! Ça ne fera pas de jaloux!
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Jonathan Carroll et Léo Henry

Retrouvez Frédéric Harscouët à la Librairie L.Durance au 4 allée d’Orléans, 44000 Nantes, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram)

Pourquoi devenir libraire ?

Après avoir travaillé dans le monde des festivals et du cinéma dont les valeurs ne me correspondaient plus, j’avais envie de revenir vers ma formation de base à savoir les lettres. Le métier de bibliothécaires ne m’intéressait pas car ma mère en était une et je voyais les contraintes liées à une mairie. Je ne suis pas faite pour être prof et le métier d’éditeur supposait de devoir partir vivre à Paris. Restait donc libraire. Et plus j’y pensais, plus le métier me donnait envie et cela fait sens puisque je tenais depuis plusieurs années un blog dans lequel je partageais mes avis lectures et c’est cette envie de transmission qui a fini par me convaincre.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Je suis tombée sur une nouvelle formation pour être libraire en un an qui équivalait à un DUT (aujourd’hui il s’agit d’une 3e année de Licence professionnelle). C’était parfait pour moi car après avoir fait de longues études je ne souhaitais pas avoir une longue formation. J’ai été sélectionnée et j’ai fait mon alternance à la librairie V.O. de Lille. En sortant de la formation, le Cultura de Neuville en Ferrain était dans sa phase d’entrepôt avant ouverture. J’ai été embauchée et j’y suis depuis bientôt 4 ans.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Le libraire permet de guider le lectorat, lui donner ses coups de cœurs, le sortir des sentiers battus vers des textes moins connus, plus exigeants ou qui n’ont tout simplement pas reçu beaucoup de presse. Il n’est pas nécessaire pour cela de parler directement avec lui, on peut les orienter grâce aux coup de cœurs écrits, aux mises en avant thématiques, aux rencontres avec les auteurs et autres animations. C’est un lieu de rencontres et d’échanges passionnés et passionnants. Par ailleurs, il me semble important aujourd’hui de faire vivre nos commerces. Tout n’est pas noir avec les commerces en ligne (bien que comme beaucoup, je n’apprécie pas Amazon pour des raisons éthiques) mais globalement privilégier les commerces locaux donne vie aux villes et centre villes.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Devine combien je t’aime de Sam McBratney et Anita Jeram
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Monsieur Toussaint Louverture
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = Moi, Peter Pan et Le Livre Jaune de Michael Roch
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Quartier lointain de Jirō Taniguchi
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Dans le sens difficile à lire, c’est Autre monde, états et empires de la lune et du soleil de Cyrano de Bergerac.
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = Depuis un an, c’est Isidore et les autres de Camille Bordas
  • Le dernier livre que vous avez lu = Kra de John Crowley
  • Le livre que vous attendez le plus = Le dernier tome de Bergères guerrières d’Amélie Fléchais et Jonathan Garnier
  • L’auteur/autrice que vous préférez = J.R.R. Tolkien
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = les livres des influenceurs/ses qui auraient un but de développement personnel mais qui contribuent au mal-être des jeunes sur leur apparences et leur vie…

Retrouvez Lucile Tallon au Cultura au Promenade des Flandres à Neuville-en-Ferrain, sur le site Cultura ou sur les réseaux sociaux (Facebook)

Pourquoi devenir libraire ?

Pour lire à l’œil toute la journée et/ou toute la nuit bien sûr !
Je suis avant tout un lecteur, doublé d’un geek. Né dans les années 70, élevé à la BD, la SF, les Dessins-Animés et l’explosion des Jeux Vidéos. J’aime surtout discuter des histoires ou de points de détails précis, échanger des points de vue avec d’autres lecteurs, transmettre ce goût pour l’Imaginaire, le fantastique, la SF. Le livre est mon ADN essentiel, l’Imaginaire son expression viscérale.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

En ce qui me concerne c’est un parcours de vie qui remonte à l’apprentissage de la lecture. J’ai appris très vite, lu beaucoup et j’ai toujours su que je travaillerai dans le livre. J’ai essayé de suivre une voie menant à la bibliothèque mais ce fut un échec, j’ai écris un peu, bourlingué aussi de petits boulots en petits boulots, tout en envoyant des CV régulièrement aux structures que je connaissais. Ma méconnaissance du milieu était totale pourtant. J’ai eu une première expérience à la librairie Arthaud en 1999 pour remplacer au pied levé une libraire ultra expérimentée alors que j’y avait postulé pour étiqueter des manuels scolaires. Mon profil de curieux adaptable avait plu au responsable et je ne pense pas l’avoir déçu. Ces deux mois m’ont qui m’ont confirmé dans cette obstination. Poussé par ma femme, j’ai repris des études pour être formé aux métiers du livre. Une période riche car les IUP de Grenoble et de Saint Cloud par lesquels je suis passé m’ont donné les clefs de ce que je voulais faire : créer une librairie spécialisée, un cocon sur mesure pour cette soif de connaître, de transmettre des livres sur un thème bien précis. Omerveilles est née de ce chemin défriché lentement.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Un libraire construit et anime sa librairie pour la donner à voir aux lecteurs. Une librairie amène la passion, l’envie, les choix, les conseils, les débats animés et vivants. C’est pour les lecteurs ce que le port, le phare et la boussole sont pour les navires, des lieux, constructions et objets d’une utilité si évidente qu’on peine à comprendre comment on pourrait s’en passer. Alors c’est aussi un commerce, bien particulier, avec ses aléas, ses forces et ses faiblesses. Le libraire est dans son domaine un artisan du livre et il vise à vivre de son savoir-faire dignement.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Histoires de cosmonautes (grand anthologie de la SF au Livre de Poche)
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = incontestablement Folio-SF
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski, le seul livre que je peux recommencer immédiatement après avoir fini la dernière page.
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = L’heure du loup de Robert McCammon
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = La nuit des temps de René Barjavel
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Océanique de Greg Egan
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = Des milliards de Tapis de Cheveux d’Andréas Eschbach
  • Le dernier livre que vous avez lu = Market Forces de Richard Morgan
  • Le livre que vous attendez le plus = La Roue du temps 12 (et aussi le 13 et le 14) de Robert Jordan complété par Brandon Sanderson.
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Robert E. Howard
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Nancy Kress

Retrouvez Frédéric Fromenty à la Librairie Omerveilles au 5 rue Bayard à Grenoble, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter)

Pourquoi devenir libraire ?

Ce fût presque une évidence en y repensant, j’ai toujours été un gros lecteur. Romans, essais, revues, tout y passait et comme j’aime trop de choses, que je suis curieux, seuls les livres pouvaient me nourrir, et il fallait que je partage toutes ces choses que je découvrais, c’était trop cool pour que d’autres n’en profites pas. Après, le genre c’est vite imposé parce que c’est plus grand que la réalité quotidienne.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Par accident, chance, destinée, au choix.
Il y a 25 ans, un pote m’annonce qu’une librairie cherche un stagiaire pour éventuellement devenir vendeur. De fait cette librairie était spécialisée BD, goodies ciné, séries TV, polar et SFFF, pile poil les univers dans lesquels je me vautrais depuis toujours !
De stagiaire, j’ai vite été confirmé vendeur puis responsable jusqu’à la fermeture. J’ai rebondi en montant ma propre boutique avec un associé à qui j’ai revendu mes parts quelques années plus tard.
Et maintenant je suis seul à bord de mon affaire après une dizaine d’années comme responsable de rayon SFFF dans une plus grosse librairie.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

L’humanité, c’est quand même plus sympa de discuter avec un mammifère vous ressemblant. Une relation de confiance s’installe, on fait parti de la vie des gens et réciproquement, certains deviennent des potes, et c’est justement cette connaissance périphérique des gens qui fait que l’on peut les surprendre, proposer la surprise que l’algorithme n’est pas (encore) en mesure de proposer.
Quand on connaît bien les goûts de ses fidèles lecteurs, il est facile de légèrement dévier de leurs conforts de lecture pour diversifier leurs choix et du coup, les émerveiller, les garder curieux pour renouveler sans cesse leur plaisir de lire.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Niourk de Stefan Wul
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Le Bélial’
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = un texte c’est trop peu mais bon, dans cette caisse il y aurait La Maison dans laquelle de Mariam Petrosyan.
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = La Dernière Nécropole de Gabriel Eugène Kopp
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Des souris et des hommes de John Steinbeck
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu =L’Énigme de l’univers de Greg Egan
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = en ce moment, la série Terra Ignota d’Ada Palmer
  • Le dernier livre que vous avez lu =Les tambours du Dieu noir de Clark Phenderson Djèlí
  • Le livre que vous attendez le plus =le Troisième Tome du Cycle de Syffe
  • L’auteur/autrice que vous préférez =Philip K. Dick
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes =James Morrow

Retrouvez Stéphane Auroy à la Librairie Imaginaute au 69 Rue du Commerce à Tours, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook)

Pourquoi devenir libraire ?

Pour passer ses journées au milieu des livres et faire découvrir des merveilles méconnues. Et aussi parce que quand on passe son temps à conseiller des livres aux gens (même lorsque l’on est dans une autre librairie) autant en faire son métier.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

En 2013, j’ai fait la formation de 15 jours « créer ou reprendre une librairie » à l’INFL (Institut National de Formation des Libraires) avec déjà l’envie d’ouvrir une librairie spécialisée dans l’imaginaire dans le 5ème arrondissement. Mais je souhaitais d’abord apprendre le métier. J’ai donc fait un stage d’un mois à la librairie Périples 2 à Boulogne-Billancourt et j’y suis restée 4 ans, une expérience très riche.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Sur internet, on trouve le livre que l’on cherchait, le libraire vous trouve celui que vous ne cherchiez pas car vous n’aviez même pas conscience de son existence. Le libraire est là pour vous sortir de votre zone de confort et trouver le livre qui vous convient.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Le nuage vert d’Alexander Sutherland Neill
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Mnémos et L’Atalante
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = L’intégrale de la saga Vorkosigan de Lois McMaster Bujold (je triche un peu)
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = le cycle des Extraordinaires & fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé de Raphaël Albert
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Mes vrais enfants de Jo Walton
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = La mort est mon métier de Robert Merle
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = La Trilogie de la Terre fracturée de N.K. Jemisin
  • Le dernier livre que vous avez lu = Un souvenir nommé empire d’Arkady Martine
  • Le livre que vous attendez le plus = Numérique de Marina et Sergueï Diatchenko
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Jo Walton
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = China Miéville

Retrouvez Eléonore Calvez à la Librairie Nuage Vert au 41 Rue Monge à Paris, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram)

Pourquoi devenir libraire ?

J’ai toujours vécue entourée de livres depuis ma plus tendre enfance, mais le choix de devenir libraire est arrivé tardivement. Lors de mes études, j’ai obtenu un peu par hasard un poste de renfort de noël pour deux mois et demi dans une librairie de ma ville. L’envie d’en faire mon métier ne m’a plus quittée depuis.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Après cette expérience, j’ai essayé de postuler en librairie, sans succès. Comprenant que l’expérience et le diplôme me faisaient défaut, je me suis relancée dans une licence pro métier du livre axée sur la librairie à Lille !
Cette formation m’a donné les clés nécessaires pour bien démarrer dans le métier.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

De vrais conseils !
Un rapport humain et chaleureux, des découvertes inattendues. En librairie on partage nos coups de cœurs, mais on échange avec les clients qui eux aussi nous font découvrir des pépites que nous n’avions pas vu passer !

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Puni Cagibi de Claude Dubois
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = La nouvelle collection « moucheron » de L’École des Loisirs pour les jeunes lecteurs
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = Belle Greene d’Alexandra Lapierre
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = The hate U give, la haine qu’on donne, Angie Thomas
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = La quête d’Ewilan de Pierre Bottero
  • Le dernier livre que vous avez lu = Le vallon des lucioles d’Isla Morley
  • Le livre que vous attendez le plus = La suite du manga L’Atelier des Sorciers !
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Pierre Bottero
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Chloé Malard et Juliette Vallery, un duo illustratrice/autrice à découvrir de toute urgence !

Retrouvez Camille Garçon à la Librairie Gutenberg au 17 boulevard Voltaire à Issy-Les-Moulineaux, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram)

Pourquoi devenir libraire ?

Par goût pour le livre…

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Par choix et grâce à une rencontre. J’avais envie d’ouvrir une librairie avec ma maman et un ami qui tenait déjà un commerce de jeu m’avait permis de travailler avec lui sur un rayon livres.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Je pense qu’un libraire apporte sa sélection, son choix, son regard sur la forêt éditoriale. Ensuite, un partage avec le client, par l’échange et le conseil.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = Tistou les pouces verts de Maurice Druon
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible =
    Difficile question, il n’y en a pas une ou un, mais plusieurs. J’ai grandi avec le CLA et les éditions Néo, sans oublier Le livre d’or de la SF et L’imaginaire de Gallimard. Aujourd’hui, dans le cadre de la librairie, j’ai un faible pour les Forges de Vulcain et le travail du Bélial’.
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte = Je pense que je prendrai la Bible.
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = L’oiseau d’Amérique de Walter Tevis réédité et retraduit chez Gallmeister sous le titre L’oiseau moqueur.
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Je citerai le plus récent, Laissez-moi de Marcelle Sauvageot aux édition Phébus qui m’a été conseillé par mon amoureuse…
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Plus jeune Le pendule de Foucault d’Umberto Eco et depuis La maison des feuilles de Mark Z. Danielewski.
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients =Là aussi selon l’inclinaison du client, Watership Down de R. Adams dans la collection Les grands Animaux de Monsieur Toussaint Louverture et Betty de Tiffany Mac Daniel aux éditions Gallmeister.
  • Le dernier livre que vous avez lu = Le monde d’hier de Stefan Zweig aux éditions Belfond
  • Le livre que vous attendez le plus = celui qui me surprendra…
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Il y en a trop… Au classique je dirai Rabelais et sur mon parcours en littérature de genre, Jack Vance.
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Aucun en fait.
    Si le livre se vend tant mieux pour l’auteur, je préfèrerai juste voir des auteurs plus « confidentiels » se vendre mieux.

Retrouvez Christophe Coquelet à la Librairie des 4 Chemins au 142 rue Pierre Mauroy à Lille, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook)

Pourquoi devenir libraire ?

Pour transformer ses propres expériences de lecture et ses découvertes en transmissions et en passages, pour explorer des frontières mal connues et les rendre mieux connues — et ce n’est évidemment pas la seule manière de le faire.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Par pur hasard, une connaissance d’un ami cherchait des complices pour monter une deuxième librairie, avec un peu de sous et un peu d’éclectisme, à un moment où je faisais une pause après vingt-cinq ans de finance et d’industrie. Au départ, j’étais simplement un lecteur vorace jamais repenti, et il s’agissait juste d’amener quelques éclairages et d’animer quelques soirées par-ci par-là, et puis de fil en aiguille…

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Un volume de jeu et un éclectisme, un sens des passerelles non algorithmiques, une aide argumentée ou non à l’exploration, une complicité bienveillante et militante.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance =La série Langelot de Lieutenant X (Vladimir Volkoff) en Bibliothèque verte — comme quoi je viens de loin !
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = il y en a vraiment beaucoup — mais disons Antidata : rock’n’roll, ambitieux, totalement à part, bienveillant, imaginatif et spécialisé en forme courte.
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte =
    Jérusalem d’Alan Moore, parce qu’il se lit, se relit, et a un peu d’épaisseur (mais Ulysse de Joyce ferait sans doute aussi l’affaire).
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = L’œil de Carafa de Luther Blissett (Wu Ming).
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Le manifeste du parti communiste de Karl Marx, presque aussi pertinent en 2021 qu’en 1848, hélas.
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Honnêtement, je ne vois pas. Beaucoup de textes sont durs, c’est souvent une partie de leur intérêt.
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = Des mille et une façons de quitter la Moldavie de Vladimir Lortchenkov.
  • Le dernier livre que vous avez lu = Le soleil noir du paroxysme : nazisme, violence de guerre, temps présent de Christian Ingrao.
  • Le livre que vous attendez le plus = Cabane de Millie Duyé.
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Joker, il y en a vraiment trop, et ça dépend quand même des genres. En dehors d’Antoine Volodine évidemment, et du côté des grands classiques, j’ai un vrai faible pour Joseph Conrad.
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Je ne m’intéresse (vraiment) pas aux meilleures ventes globales, donc je ne sais pas qui y est actuellement pour me désespérer (mais pourquoi désespérer d’ailleurs ?). J’aimerais bien entendu que l’on me dise un jour que toutes mes lectures préférées de l’année sont devenues après coup des « meilleures ventes » !

Retrouvez Hugues Robert à la Librairie Charybde à Ground Control / 81 rue du Charolais à Paris, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram)

Pourquoi devenir libraire ?

Très bonne question !
C’est un métier difficile, qui demande d’avoir un cerveau 5core minimum, et qui ne paye que très mal. Donc, la bonne réponse, c’est qu’il faut aimer la lecture et l’aventure.

Comment êtes-vous devenu libraire ?

Je suis devenu libraire pour deux raisons.
La première c’est que j’ai toujours travaillé dans le culture (danse, cinéma, jeux vidéo…) et que j’ai glissé vers mon premier amour : le livre.
La deuxième, c’est que j’ai eu accès à une somme suite à la vente d’un bien immobilier. Pour se lancer en librairie, il faut de l’argent, ou devenir salarié d’une librairie déjà existante.

Qu’est-ce qu’un libraire apporte de plus à un lecteur ?

Un libraire, c’est quelqu’un qui est passionné. Sa place est remise en cause par Amazon, qui a des algorithmes bien foutus pour vous tenir au courant de ce qui risque de vous plaire, et aussi par les booktubers et bookstagram, qui apportent aussi de bons conseils, souvent au sein d’un même genre.
Ce qu’il reste au libraire, c’est d’une part le service, car il peut commander à peu près tout pour vous.
Et puis la surprise !
C’est lui qui va vous emmener vers autre chose, ce qui ne ressemble pas à vos gouts habituels, ce nouvel auteur un peu moins connu. Algorithme + réseaux sociaux + libraire = la plus grande offre de texte de tous les temps.
C’est pour ça que s’est développé le concept de PAL (la Pile À Lire).
L’offre est démentielle, et les manières de trier cette offre sont pluriels et complémentaires.

Portrait chinois :

  • Votre livre d’enfance = La Cité aux 100 mystères de Sandrine Gestin Chez Grund.
  • L’éditeur/la collection pour laquelle vous avez un faible = Je ne suis pas très fidèle… en ce moment, c’est Sonatine qui m’apporte le plus de plaisir de lecture, mais ça change souvent !
  • Le texte que vous aimeriez embarquer sur une île déserte =
    C’te question franchement… Une lame et de la ficelle ça serait quand même cachement plus pratique. Ou alors un livre de survie sur une île déserte. Vraiment aucun, mon livre préféré c’est sans doute Un roi sans divertissement mais si j’ai que celui-là, je vais m’en dégoûter !
  • Le texte méconnu que vous voudriez vendre par caisses entières = Mes vrais enfants de Jo Walton.
  • L’œuvre qui vous a le plus ému = Soundtrack d’Hideo Furukawa.
  • Le livre le plus dur que vous ayez lu = Les ambassadeurs d’Henri James, devenu un de mes livres préféré. Dur parce qu’il touche à des thèmes difficiles à aborder : Le chant de la mutilation de Jason Hrivnak.
    Je l’ai fini parce que l’auteur venait mais sans ça j’aurais arrêté avant la fin.
  • Le livre que vous arrivez le mieux à vendre à vos clients = L’homme qui n’aimait plus les chats d’Isabelle Aupy. Livre qui mérite totalement son succès !
  • Le dernier livre que vous avez lu = Le livre de JDR Alien.
  • Le livre que vous attendez le plus = Un livre chez Mu (collection chez Mnémos) Les oiseaux du temps. Il attise ma curiosité !
  • L’auteur/autrice que vous préférez = Aucune idée franchement.
    J’ai pris une passion pour Alberto Ongaro, mais encore une fois, ce sera pas la même chose dans 3 mois…
  • L’auteur que vous désespérez de voir en tête des ventes = Clarisse Gorokhoff !

Retrouvez Léo Noël à la Librairie La Zone du Dehors au 68 Cours Victor Hugo à Bordeaux, sur le site de la librairie ou sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram)

Mais finalement, qu’est-ce qu’une librairie ?

Une librairie, c’est un lieu d’échange, un autre monde dans le monde, planqué dans les interstices. Un lieu de construction étrange limité par des étagères qui débordent, un bordel organisé ou au contraire des tables soigneusement maîtrisées. C’est un lieu à part où l’on a plus vraiment d’âge, où l’on mélange les genres et les pages, où conflue toutes sortes d’histoires, de la romance à la fin du monde en passant par des récits pris entre les cases et les bulles.
La librairie, c’est un lieu où l’on se retrouve, petit lecteur occasionnel ou grand drogué des lettres, nouveau venu ou vieux routard.
C’est un lieu de débats, de confrontations d’idées, de nouvelles routes et d’allées inexplorées.
La librairie, c’est aussi, et surtout la tanière du libraire. Une espèce rare et aussi diverse que l’humanité elle-même.
Une espèce par essence curieuse, allant du blasé qui a tout vu au jeune enthousiaste qui veut tout voir. Peu importe qu’il y ait quatre librairies par chez vous, c’est le libraire qui va façonner la librairie à son image, qui lui donne une âme, un style, une vie.
Le libraire, cet animal hybride, pour moitié fable et moitié archiviste boulimique, n’a rien d’un algorithme.
Il enregistre, cogite et sympathise avec son client, régulier ou non, il lui propose des choses qui pourraient lui plaire et des surprises totalement inattendues, quelque part là-bas, dans le fond, à droite, derrière ce livre best-seller qui vous cachait le reste. Le libraire, c’est un peu l’aventurier qui vous rapporte autre chose, une autre connaissance, une infinité de possibles.
Et c’est certainement cela qui rend le libraire immortel, qui le place en dehors de la lame acérée d’Amazon et du reste.
Le libraire donne une âme à votre lecture et au lieu où vous allez venir la chercher, offre une histoire à votre rencontre avec un auteur, devient passeur de cultures et de voix atypiques.
Qu’est-ce qu’une librairie ? C’est le lieu de votre prochain voyage.
Encore.
Encore.
Et Encore…

Nicolas Winter

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