Pokémon : Détective Pikachu

Pika, Pika !

Nicolas Winter
Juste un mot
Published in
4 min readMay 11, 2019

--

On n’arrête plus Hollywood ! (mais l’a-t-on déjà arrêté d’ailleurs ?)
Alors qu’une adaptation-live de Sonic se prépare malgré le fait assez étrange que personne ne l’avait demandé, ou qu’un film Dora l’exploratrice a déjà montré le bout de son sac-à-dos sans que l’on comprenne le but de la manœuvre (à part accomplir les fantasmes tordus de quelques-uns), voici que sort sur nos écrans l’adaptation-live du phénomène Pokémon.
Le responsable ? Rob Letterman, à qui l’on doit le sympathique Monstres contre Aliens et le douteux Chair de Poule.
De façon surprenante, le film ne se risque pourtant pas à adapter la célèbre franchise originale à base de tournois pokémons mais bien le jeu de 2016, Détective Pikachu. Avec le récent phénomène de Pokemon Go, voilà un choix pour le moins surprenant mais qui ouvre des perspectives déjà plus alléchantes pour le spectateur qu’un enchaînement de bagarre avec des bestioles analphabètes. Ajoutons à cela l’agréable surprise d’une bande-annonce où les pokémons en version réaliste semble particulièrement réussis et l’on finit par avoir envie de jeter un œil à cette entreprise pour le moins absurde.

Des Pokémons et des hommes

Se contrefichant un peu de tout, Pokémon : Détective Pikachu plonge d’emblée son spectateur dans une ville où humains et Pokémons vivent en paix : Ryme City. Son concepteur, Howard Clifford (interprété par l’inénarrable Bill Nighy qui n’a vraiment peur de rien) pense en effet qu’il est possible pour ces deux civilisations de cohabiter pacifiquement sans que tout ne tourne autour des combats de pokémons. Tim Goodman (sous les traits de Justice Smith, rien à voir avec Will) débarque à Ryme City suite à l’annonce de la mort de son père, un détective de renom, alors qu’il semble avoir renoncé lui-même à devenir dresseur de pokémons.
En fouillant l’appartement de son père, il tombe alors nez à nez avec l’ancien pokémon de celui-ci : un pikachu ! Rien de très original jusque là sauf que, contrairement à d’habitude, Tim arrive à comprendre tout ce que dit cette boule de poil jaune-électrique.
Première constatation, Pokémon : Détective Pikachu ne se préoccupe pas tant de son spectateur que d’offrir un monde bourré de petites bêtes plus fascinantes (et réussies) les unes que les autres. Mieux encore, il construit une cité qui a parfois des faux-airs de Blade Runner avec sa pluie battante et ses recoins sombres et bigarrés. Rob Letterman peut-il créer la surprise ?

Pikachu mène l’enquête

Au-delà de ses bestioles numériques diablement convaincantes (et qui feront passer un excellent moment à tous les fans de la franchise pokémon), le long-métrage nous invite à un buddy-movie dans la droite lignée de L’Arme Fatale en remplaçant les deux flics par un jeune garçon maladroit et un pikachu qui parle avec la voix de Ryan Reynolds (qui arrive à ne pas tomber dans le Deadpool-bis). De façon étrange…la chose marche, et même très bien. Le point faible évident de l’entreprise réside finalement dans le parcours policier que vont emprunter nos héros, un parcours très sage et convenu au final qui finit par oublier certaines incohérences grosses comme des maisons (Tim n’a jamais reconnu la voix de son père de tout le film, pas mal) pour offrir une sorte d’orgie de pokémon dans un univers qui fait ce qu’il veut. Et ce n’est d’ailleurs pas plus mal. En évitant de tomber dans la blague outrancière, le film parvient même à devenir un divertissement honnête qui tient les promesses de sa bande-annonce, à savoir un film familial de qualité qui ne cherche pas seulement à faire du fan service. Si l’on peut pointer du doigt une certaine facilité dans les multiples retournements de situations et des méchants caricaturaux (mais pouvait-il franchement en être autrement ?), il faut accorder à Pokémon : Détective Pikachu une certaine sincérité qui respecte non seulement le fan de la première heure mais aussi le spectateur lambda grâce à son duo d’enquêteurs parfaitement calibré capable de s’apporter réciproquement quelque chose. Ajoutons-y une mise en scène dynamique ainsi qu’un tournoi clandestin de pokémon et nous obtenons en somme un film attachant et sympathique.

Entreprise loufoque, l’adaptation des Pokémons s’avère au final une réussite en arrivant à la fois à retranscrire l’esprit de l’univers dont elle s’inspire mais aussi à offrir un buddy-movie honnête et attachant au spectateur. Les fans de pokémons seront ravis, les autres gagneront un moment de détente qui offre même un petit peu plus que ce qu’il promettait.

Note : 7/10

--

--