Retour sur Titan

En quête de sentience

Nicolas Winter
Juste un mot
Published in
3 min readOct 2, 2018

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Éditions du Bélial’, Collection Une Heure-Lumière, 147 pages
Traduit par
Éric Betsch

Focus sur la collection Une Heure-Lumière

Autre auteur chéri des éditions du Bélial’ avec Lucius Shepard, l’anglais Stephen Baxter revient dans la collection Une Heure-Lumière pour une novella de 150 pages intitulée Retour sur Titan. Si le texte appartient au cycle des Xeelees, pas de de panique, il n’y a aucun besoin d’avoir lu les romans pour apprécier cette courte exploration planétaire. Quittons donc les rues de Londres des Attracteurs de Rose Street pour la lune glacée de Saturne : Titan.

Dans un futur très lointain (en 3685 pour être exact), l’humanité est parvenue à maîtriser le voyage dans l’espace grâce à la création de trou de ver appelés Interface Poole. L’inventeur de cette technologie, Michael Poole, cherche à présent de nouvelles planètes à exploiter et son dévolu se porte sur Titan, la fameuse lune de Saturne. Malheureusement pour lui, il doit d’abord prouver qu’aucune vie sentiente (capable de ressentir des émotions) ne réside sur Titan. Pour se faire, il persuade Jovik, l’un des gardiens du comité de surveillance intra-système du respect des lois de sentience, de leurrer le dispositif sensé prévenir les intrusions sur la lune encore inexplorée. Michael Poole n’a cependant pas prévu que l’expédition tourne au drame…

Novella d’une taille respectable (comparativement aux standards de la collection), Retour sur Titan affirme dès les premières pages ses ambitions : son histoire sera science-fictive ou ne sera pas. Inutile de chercher de grandes interrogations humaines ou des questionnements sociaux dans ce récit d’exploration planétaire pur et dur, vous n’en trouverez pas…ou presque. En effet, dans une certaine mesure Stephen Baxter démontre à nouveau que l’homme ne recule devant rien pour faire du profit, quitte à détruire un écosystème complet. La chose n’étonne guère et ne constitue (heureusement) pas le cœur de la novella.

Le véritable intérêt de Retour sur Titan, c’est la visite fabuleuse à laquelle nous convie l’auteur anglais. L’expédition de Michael Poole emmène le lecteur sur une lune où les océans sont faits d’éthane et de méthane et où les volcans crachent de l’eau gelée. Le sense of wonder de l’histoire devient évident au fur et à mesure que l’aventure avance. Les visions convoquées ici raviront les fans d’une science-fiction très particulière (et donc bien plus restreinte), celle qui mise sur l’émerveillement devant l’inconnu et le grandiose. Baxter imagine des formes de vies inédites et élabore des théories sur leur origine tout en s’enfonçant sous la surface même de Titan. Le résultat est fascinant à souhait mais d’une froideur totale. Retour sur Titan apparaît de fait comme l’antithèse des Attracteurs de Rose Street sorti en même temps. Deux types de littérature pour deux types de lecteurs, vous voilà prévenus.

Avec des personnages détestables et égoïstes, Retour sur Titan ne s’intéresse guère à l’humanité qui n’a plus grand chose à offrir de toute façon. Stephen Baxter lui préfère une exploration planétaire vertigineuse qui ravira tous ceux qui rêvent d’explorer un monde inconnu depuis leur fauteuil.

Note : 7/10

Focus sur la collection Une Heure-Lumière

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