8 livres fantastiques indispensables que vous devez lire !

Les meilleurs livres récents pour frissonner !

Nicolas Winter
Published in
9 min readSep 27, 2022

--

Au-delà des genres et souvent au-delà des collections, le fantastique reste un genre en retrait en France.
Pourtant, au-delà des grands classiques que nous connaissons tous, de Lovecraft à Edgar Allan Poe en passant par Neil Gaiman, bien des ouvrages récents se sont risqués sur les terres de l’étrange. Nous vous en proposons aujourd’hui une sélection triée sur le volet qui devrait ravir les amateurs de surnaturel…et les autres !

1. Notre Part de Nuit de Mariana Enriquez

Éditions du Sous-Sol, 768 pages, 25 euros

Lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire 2022

« Les fantômes sont réels. Et ce ne sont pas toujours ceux qu’on appelle qui viennent. »

Commençons par un mastodonte paru en 2021 chez les audacieuses éditions du Sous-Sol : Notre Part de Nuit de Mariana Enriquez !
Nous voici projetés en Argentine à travers les époques et les luttes pour suivre le destin de Juan Peterson et de son fils, Gaspard. Tous deux ont un don unique, ils peuvent communier avec l’Obscurité et parler avec les morts. À travers l’histoire de l’Argentine, vous allez découvrir une épopée hors norme à l’ambition littéraire incroyable, au style éblouissant et peuplée des personnages inoubliables. C’est l’occasion de pénétrer dans l’horreur sous toutes ses formes, de Stephen King à Lovecraft en passant par Danielewski. Mariana Enriquez offre un monument du genre à la maitrise impressionnante, véritable uppercut pour ceux qui n’ont pas peur du noir et des maisons hantées.

→ Critique de Notre Part de Nuit de Mariana Enriquez

2. Son corps et autres célébrations de Carmen Maria Machado

Éditions de l’Olivier, 320 pages, 22 euros

« Je crois à un monde où l’impossible se réalise. »

Toujours de l’autre côté de l’Atlantique, une autre Américaine s’est imposée dans le genre fantastique avec son premier recueil de nouvelles publié aux éditions de l’Olivier : Son corps et autres célébrations.
Derrière ces huit histoires étranges, nulle autre que Carmen Maria Machado, une autrice qui aime le clair-obscur et adore jouer avec nos sensations. Elle nous raconte le mariage d’une femme et d’un homme. Un fait ordinaire qui prend une dimension tout autre avec le fameux point du mari. Une concession de l’épouse pour que son amant ne lui pose pas de question sur le mystérieux ruban qu’elle porte en permanence autour du cou. Voyons aussi une étrange maladie qui transforme des femmes en fantômes que l’on finit par coudre dans des robes pour qu’elles vivent et aiment de nouveau. Ou préférez-vous son Particulièrement monstrueux, moment de bravoure weird qui vous rejoue la série New York Unité Spéciale comme jamais vous ne l’auriez imaginé ?
Géniale créatrice, Carmen Maria Machado n’en finit pas de réjouir dans ce recueil et vous laisse orphelin après la dernière page. Heureusement depuis, elle a publié son premier roman, Dans la maison rêvée, qui devrait vous ravir tout autant !

→ Critique de Son corps et autres célébrations de Carmen Maria Machado

3. Jusque dans la Terre de Sue Rainsford

Éditions Aux Forges de Vulcain, 224 pages, 20 euros

« Essayer de ne pas être vu, ça ralentit le temps. »

Revenons sur le Vieux Continent avec l’irlandaise Sue Rainsford, nouvelle autrice des éditions Aux Forges de Vulcain qui impose sa marque dès son premier roman avec Jusque dans la Terre.
À proximité de cette ville sans nom située aux abords d’une forêt inconnue, une jeune femme du nom d’Ada exerce le métier de rebouteux avec son Père. Les habitants, eux, trouvent en Ada et son Père une aide indispensable mais qui les terrifie autant qu’elle les rassure. Car Ada et son Père ne sont pas tout à fait humains. Ils sont autres. Ils sont différents.
Et leur façon de guérir ne ressemble à rien de ce que vous connaissez !
Sue Rainsford tisse un récit inquiétant, sombre et tortueux où l’amour prend bien des formes et où l’humanité est une chose fluctuante.
Dans cette expérience à la Cronenberg aussi impressionnante que poétique, vous serez enterrés vivants pour mieux renaître.
Et vous serez changés…à tout jamais !

→ Critique de Jusque dans la Terre de Sue Rainsford

4. L’Obscurité est un lieu d’Ariadna Castellarnau

Éditions de l’Ogre, 185 pages, 18 euros

« Cette terre est rouge sans raison : pour désespérer, pour que l’impression de chaleur et d’étouffement soit plus forte. »

Les autrices d’origine hispaniques imposent décidément leur marque ces dernières années puisque c’est la catalane Ariadna Castellarnau publiée chez les géniales éditions de l’Ogre qui s’infiltre dans cette sélection !
Avec L’obscurité est un lieu, voici huit histoires d’une noirceur folle qui vont vous transporter en des endroits tantôt terrifiants, tantôt fascinants.
Faites connaissance avec le Grand en suivant Lucia dans la forêt Amazonienne, voyagez avec un trafiquant d’enfants en compagnie d’une vengeance aux traits juvéniles, recevez les honneurs très particuliers d’une petite ville qui n’aime pas qu’on la quitte et soyez témoins de l’invasion d’une maison en deuil après la mort d’une jeune fille.
Ariadna Castellarnau possède une voix unique qui transforme ses histoires en plongée inquiétante à la limite du conte et du mythe. Elle compose avec la violence du réel et la cruauté des hommes pour mieux croquer le monde qui nous entoure. L’obscurité est un lieu risque bien de vous donner la chair de poule… et vous en redemanderez !

→ Critique de L’obscurité est un lieu d’Ariadna Castellanau

5. Un bon Indien est un indien mort de Stephen Graham Jones

Éditions Rivages, 352 pages, 23 euros

« Quand le monde entier vous fait mal, vous le mordez, non ? »

Restons dans l’ailleurs et l’exotique avec l’américain Stephen Graham Jones qui, non content d’avoir publié une relecture du mythe du loup-garou carrément formidable avec Galeux, récidive cette fois en explorant l’identité amérindienne sous tous les angles avec Un bon Indien est un Indien mort. Lorsque quatre camarades pénètrent de façon illégale sur la terre des Anciens pour chasser le Caribou, ils ne se doutent pas qu’ils vont déclencher une malédiction qui les poursuivra dix ans plus tard.
Récit à la fois complexe et accessible, le roman de Stephen Graham Jones positionne le fantastique là où on l’attend le moins, utilise une horreur que l’on ne soupçonne guère jusqu’à ce qu’elle nous explose au visage.
Derrière la mythique Femme-à-tête-de-Caribou, Stephen Graham Jones s’interroge sur la violence et la vengeance, sur le pardon et le destin.
Bien davantage qu’un grand roman fantastique, Un bon Indien est un Indien mort invite à réfléchir sur l’opposition entre tradition et modernité tout en offrant une perception du peuple Amérindien toujours plus juste au lecteur occidental qui souhaite définitivement sortir des clichés.

→ Critique d’Un bon Indien est un Indien mort de Stephen Graham Jones

6. Les Meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson

Éditions du Bélial’, 136 pages, 9,90 euros

« Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas. »

Imaginez.
Vous êtes une jeune fille et toute votre vie, on vous a enseigné de redouter votre propre sang.
Imaginez qu’un jour, vous deveniez une adolescente et que vos premières règles viennent briser ce fragile équilibre.
Car vous n’êtes pas n’importe qui, vous êtes Molly Southbourne et lorsque vous saignez, une copie de vous, un double redoutable, une molly, prend vie. Et cette molly ne vous veut pas du bien. Au contraire.
Roman aussi court que marquant, Les Meurtres de Molly Southborne est la première pierre d’une trilogie de textes courts dans laquelle Tade Thompson exploite l’idée du double et des fantasmes morbides qui nous habitent. Palpitant jusqu’au bout, l’histoire de Molly vous réserve autant de moments d’horreur que d’émotions.
Même si l’histoire flirte parfois avec la science-fiction, soyez prêts aux choses les plus étranges car Molly vous réserve bien des surprises qui se poursuivront à un rythme effréné avec sa suite directe : La Survie de Molly Southbourne !

→ Critique des Meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson

7. Vertèbres de Morgane Caussarieu

Éditions Au Diable Vauvert, 304 pages, 17 euros

« Les monstres, ça n’existe que dans les Chair de Poule.
J’ai dix ans, je suis trop grande pour y croire. »

Notre prodige française du fantastique a un nom : Morgane Caussarieu !
Après son éblouissant Je suis ton ombre qui donnait un coup de neuf sur le mythe vampirique, Morgane Caussarieu publie un roman faussement enfantin aux éditions du Diable Vauvert !
Dans Vertèbres, vous suivez les tribulations d’une gamine de dix ans, Sasha. Sasha n’aime pas qu’on la prenne pour une fille. Elle n’aime pas non plus beaucoup son frère ni les mots de son père quand il parle des femmes. Mais Sasha adore Brahim et Jonathan, son Club des Ratés à elle.
Jusqu’au jour où Jonathan est enlevé et qu’il revient différent.
Très différent.
Tendre roman sur l’enfance et l’adolescence, hommage aux livres de R.L Stine autant qu’à la pop-culture des années 90, Vertèbres c’est surtout la chronique maligne d’une gamine qui ne trouve pas sa place, une gamine différente qui a toutes les raisons du monde pour être mal dans sa peau mais qui, parfois, dit aussi un peu ce qu’elle veut.
Drôle et intelligent, tout en n’oubliant jamais les bases d’une horreur efficace et d’un récit enlevé, Vertèbres est une vraie réussite.
De celle qui fait dire que Morgane Caussarieu ira loin !

→ Critique de Vertèbres de Morgane Caussarieu

8. Ring Shout de P. Djèlí Clark

Éditions L’Atalante, 176 pages, 12,90 euros

« C’était des histoires de feux follets, de sorcières des rivières et de gens qui volaient. »

Finissons par une des sensations horrifiques de 2021 avec Ring Shout de l’étoile montante P. Djèlí Clark aux éditions L’Atalante.
Dans ce court texte, nous allons remonter en 1922 alors que le sinistre Ku Klux Klan gagne toujours plus en influence aux États-Unis.
Maryse, Sadie et Chef, trois femmes noires, décident de tendre un piège à ses membres dans la petite ville de Macon en Géorgie.
Alors que la tension monte, le vrai visage des Klanistes se fait jour : celui de créatures monstrueuses qui se nourrissent de la haine des hommes !
Prenant au pied de la lettre la monstrueuse idéologie du Klan, Djèlí Clark construit toute une mythologie directement inspirée des mythes africains pour une histoire à la fois épique et intime qui sait faire preuve de nuances au milieu d’un océan de haine.
Prenant, inventif, original, Ring Shout reste à ce jour l’une des plus brillantes réussites du genre dont vous auriez tort de vous priver !

→ Critique de Ring Shout de P. Djèlí Clark

— — — — — —

Bonus : Poursuivre l’aventure fantastiques avec la Bibliothèque Idéale du Fantastique !

--

--