Interview Chloé Chevalier

La gardienne de Véridienne

Nicolas Winter
Juste un mot
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17 min readSep 13, 2018

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Bonjour Chloé Chevalier, vous êtes l’auteure des Récits du Demi-Loup chez Les Moutons Électriques dont le second tome sort le 18 Août dans toutes les bonnes librairies. Pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous vous présenter ?

Les Récits du Demi-Loup sont mes premiers romans, sur lesquels je travaille depuis mes dix-huit ans (j’en ai bientôt vingt-huit) et probablement pour quelques années encore, mais pas ma seule activité d’écriture puisque je suis également scénariste, pour le cinéma. Je suis, à côté de cela, gérante d’une société de production, les Films d’Argile, que j’ai fondée peu après la fin de mes études (master de cinéma, sur la fantasy) avec des compagnons de travail de longue date. Que dire d’autre ? Mes loisirs, en dehors de l’écriture qui occupe déjà beaucoup ? Je vais pas mal au cinéma, du moins quand j’en ai le temps. J’ai été des années durant une cavalière acharnée, mais je n’ai plus guère le temps de monter depuis que j’ai quitté ma Saône-et-Loire natale pour m’installer à Paris. Depuis, j’ai troqué mon poney contre une rapière, parfois un bouclier, et je fais surtout de l’escrime (AMHE, pour ceux qui connaissent).

Comment en êtes-vous venue à l’écriture ?

Pour ce qui est de l’écriture scénaristique, j’y suis venue un peu par élimination. Comme je disais, j’ai fait des études de cinéma, au cours desquelles j’ai pu expérimenter un certain nombre de postes, que j’appréciais plus ou moins, et avec plus ou moins de succès. Assistanat à la réalisation, régie, animation stop-motion, sans compter la production en parallèle des études avec les Films d’Argile. Et puis j’ai fini par me rendre compte que celui que je préférais de loin, et dans lequel j’étais la plus à l’aise, c’était le scénario. Et ceci, sans aucun doute, parce que j’écrivais le Demi-Loup à côté et qu’en conséquence, construire l’histoire d’un film, même de long métrage, m’a toujours paru, si ce n’est facile, du moins naturel(un scénario d’une centaine de pages, en comparaison d’un cycle de quatre tomes, c’est peu de chose). Pour ce qui est de l’écriture romanesque, maintenant… Comme (j’imagine), la plupart des auteurs, j’ai commencé à écrire des histoires assez jeune. Mais j’ai vraiment commencé à écrire régulièrement au lycée, en commençant par des scénarios de films amateurs (quand je disais que ces deux activités étaient intrinsèquement liées…) que je tournais avec mes amies. L’histoire du Demi-Loup est l’un d’eux. Un film d’une heure tourné avec un caméscope, des costumes sans ambition, dans un bout de château humide par un hiver très froid, quand j’étais en terminale. J’aimais bien l’histoire, ne voulais pas l’abandonner là et ai commencé, l’été qui a suivi, à en faire une version roman. D’abord sans me prendre au sérieux et pour amuser mes amies. Et puis, petit à petit, je me suis prise au jeu et j’en suis venue envisager ce travail comme quelque chose qui méritait d’être publié…

Justement….Comment le contact s’est-il noué avec Les Moutons Électriques et André-François Ruaud ? A-t-il été enthousiaste à l’idée de se lancer dans la publication d’une série de romans par les temps qui courent ?

Avec les Moutons, tout s’est passé extrêmement vite ! J’avais d’abord hésité à leur envoyer mon manuscrit pour la simple raison économique qu’ils spécifiaient sur leur site qu’ils ne restituaient pas les manuscrits en cas de refus. Quand j’ai fini par me décider, je me souviens leur avoir posté le manuscrit du tome 1 le lundi, et d’avoir reçu un mail le vendredi, me demandant d’envoyer une version numérique du tome 1 mais aussi de la suite, tant qu’à faire. Et le lundi suivant, ils me proposaient un contrat à signer. Pour ce qui est de s’engager sur toute une série, il faudrait sans doute leur poser la question directement mais je crois qu’ils étaient plutôt enthousiastes, oui, même si forcément un peu inquiets. Une série, c’est le risque de perdre des lecteurs en cours de route… mais en même temps la possibilité d’en gagner à chaque étape.

Il semble que la fantasy soit un genre qui vous tienne particulièrement à cœur. Pour quelles raisons ?

Oui, c’est un genre que j’aime, mais curieusement plus en tant qu’auteure que lectrice. Pour être très honnête, je lis très peu de fantasy. J’ai lu tout Robin Hobb et George Martin, certes, pas mal de Tolkien, mais en dehors d’eux pas grand chose ! Et au fond, je ne suis même pas sûre que le Demi-Loup relève vraiment de la fantasy. Je dis souvent que c’est de la fantasy sans fantasy/fantaisie (orthographe au choix) : il n’y a aucun élément magique, aucune créature, aucun pouvoir magique. Le seul code récurrent de la fantasy que j’ai gardé, c’est le monde médiévalisant. Au fond ce qui m’intéresse, dans le Demi-Loup comme dans mes autres projets, ce sont les rapports humains. J’aurais pu étudier les mêmes dans un contexte de science-fiction, ou de roman historique. La fantasy, comme la SF, permettent un pas de côté par rapport à la réalité. Et ce pas de côté, comme dans une parabole ou un conte, permet en lui-même — à mon sens — plus de justesse, ou plus de vérité. Un roman contemporain peut (je dis bien *peut*) vieillir rapidement (tel événement évoqué pourra sembler complètement caduque cinq ans plus tard si le monde en a voulu autrement) et surtout est nécessairement ancré socialement, qu’on le veuille ou non, ce qui peut limiter l’identification, et en conséquence l’émotion. Dans la fantasy, puisque de facto les personnages dépeints n’existent pas en tant que modèles sociaux-culturels, on peut laisser de côté ces considérations pour se concentrer uniquement sur la justesse des sentiments et des relations entre les personnages, qui eux demeurent vrais.

Du coup, pourquoi la fantasy plutôt que, mettons, la SF ?

Tout simplement parce qu’à l’âge où j’ai commencé à écrire, j’étais plus dans une période fantasy que SF. Je lisais et relisais les aventures de Fitzchevalerie et je connaissais par cœur les films du Seigneur des Anneaux, à l’inverse je ne lisais presque pas de SF. Très naturellement, j’ai écrit ce que je connaissais et que j’aimais bien. Dix ans après, je n’ai toujours pas fini le Demi-Loup et je continue donc d’écrire de la fantasy alors que mes goûts littéraires ont un peu changé. Je ne saurais pas expliquer plus concrètement pourquoi je préférais la fantasy à la SF à l’époque. Et pour tout vous dire, dès que j’en aurais fini avec le Demi-Loup, je compte bien me remettre à deux projets de SF (plutôt jeunesse) qui patientent, entamés, dans mes tiroirs depuis quelques années.

Bon, il serait temps à présent de rentrer dans le vif du sujet… Votre premier roman, Véridienne, a-t-il eu le succès que vous escomptiez ? Sa publication a-t-elle changé quelque chose dans la suite de votre travail d’écriture ?

Pour ce qui est du succès en terme de ventes, je n’en ai pas la moindre idée ! J’ai été trop timide pour poser frontalement la question à mes éditeurs. Par contre je sais que le tome 1 a reçu un très bon succès critique dans la blogosphère SFFF, où il a énormément été chroniqué, et en général en bien. Et ça, c’était pour moi aussi inattendu qu’extrêmement réjouissant. Être publiée était déjà en soit une victoire, alors que le livre plaise… L’impact de la publication sur l’écriture est une très bonne question. Je crois que j’ai eu beaucoup de chance d’avoir pas mal d’avance sur les sorties. A la sortie du tome 1, j’avais déjà écrit les deux tiers du tome 3, donc toute cette matière là ne pouvait pas être influencée par les retours des lecteurs, ce qui serait à mon sens un gros piège. Si on écrit pour faire plaisir aux gens, ou plus exactement en anticipant, pour ne pas dire fantasmant, leurs attentes, on ne peut pas faire du bon travail mais seulement s’efforcer de tracer une ligne moyenne entre les goûts des uns et des autres. Et autant on peut facilement se raisonner en s’interdisant de modifier sa plume en répondant aux critiques (du genre “on m’a dit que ça c’était pas bien, alors je vais leur donner tort en corrigeant le tir”), autant il est plus compliqué de ne pas se laisser atteindre par les compliments : on te répète que tel aspect de ton travail est bien, alors tu vas en rajouter dans cette direction, parce que tu sais que ça marchera… mais ce n’est qu’une forme de paresse, et la qualité va finir par s’amoindrir. Donc, pour résumer, j’espère vraiment que la publication n’a rien changé sur mon écriture (hormis que maintenant j’ai un peu plus de délais à tenir), je ne peux pas en être sûre, mais je fais mon possible pour laisser une cloison entre la publication et ses conséquences, et le travail d’écriture !

Dans Véridienne (comme dans sa suite d’ailleurs), la grande majorité des personnages point-de-vue sont des femmes (à l’exception notable d’Aldemor). Pourquoi ce choix ?

La réponse 100% honnête n’est pas très intéressante : quand j’ai écrit le scénario du film amateur évoqué plus haut, c’était pour une bande de filles. Au lycée, les garçons sont généralement moins motivés que les filles pour le théâtre et ce genre de choses, et on a eu beaucoup de mal à débaucher deux gars pour jouer Aldemor et Aldemar… Donc, essentiellement des rôles de filles. J’aurais pu ensuite changer cela et rééquilibrer les genres dans le roman, vous allez me dire, mais je n’en ai jamais eu envie. Ça me plaisait de raconter les courants qui agitent ce groupe d’adolescentes, qui ensuite deviennent des femmes, et de voir comment ce qu’elles ont vécu ensemble étant jeunes va impacter leurs vies et leurs responsabilités d’adultes. Donc ce n’est pas un choix féministe du genre “assez des mâles héros de fantasy, place aux femmes” ! D’autant que je crois que l’époque où la fantasy ne présentait que des hommes comme héros est pas mal révolue… Sans chercher trop loin, dans Game of thrones, on a une belle galeries de personnages féminins forts et nuancés.

Comment avez-vous eu l’idée des Suivants/Suivantes ?

Je voulais mettre en scène un groupe de jeunes filles. Les placer toutes sur le même rang (par exemple, en faire toutes des princesses) ne me semblait guère pertinent. Instaurer entre elles des relations hiérarchiques (princesses vs femmes de chambre, ou écuyères, ou juste des inférieures dans la ligne de succession, ou que sais-je) me semblait un peu déjà fait. Quand j’ai commencé à écrire, l’idée des Suivantes était relativement accessoire, et puis j’ai peu à peu pris conscience du potentiel narratif de cette idée et en ai fait un des sujets centraux du cycle. Avec le principe des Suivantes(qui joue sur les mots avec suivante au sens de dame de compagnie), j’ai voulu essayer de mettre en place un nouveau type de rapport entre des personnages. Suivantes et princesses sont égales sans l’être tout à fait, les premières sont en quelque sorte des versions de remplacement des secondes, mais aussi des juges, des conseillères, des amies, des miroirs, etc… Tout au long du texte, les Suivantes ne cesseront jamais de s’interroger sur les différentes facettes de leur position, d’en découvrir de nouvelles, d’en remettre d’autres en question.

Vous vous attachez à décrire l’enfance et l’adolescence dans vos deux premiers romans. Pensez-vous que la vie d’adulte ne soit que le résultat de notre vie d’enfant et des événements importants qui se produisent durant cette période ?

En bonne partie, oui, mais pas seulement, bien sûr. Je pense que beaucoup de choses qui se jouent pendant notre adolescence sont à même de nous influencer notre vie entière. Il n’y a qu’à voir le nombre de gens qui, bien qu’adultes, se disent marqués, dans un sens plus ou moins littéral, en bien comme en mal, par leurs années collège/lycée… C’est l’âge où on sort de l’enfance pour commencer à se transformer doucement en l’adulte qu’on sera un jour, après tout. On forge ses goûts, on apprend et on teste les rapports sociaux, les rapports de force, on découvre l’amour, le sexe, etc… Je ne vais pas faire un exposé sur l’adolescence, non plus ! Et quand on devient adulte, toutes les expériences que l’on traverse continuent de nous fabriquer. On est la somme de tout cela. L’enfance et l’adolescence creusent les fondations, la vie d’adulte apporte les pierres pour bâtir l’édifice, si l’on veut… C’est ce que j’essaye d’explorer en dépeignant les vies de ces cinq héroïnes. Elles ont eu une adolescence commune, et tant qu’elles vivent ensemble et traversent les mêmes expériences, elles demeurent relativement semblables. Puis la vie les sépare, et chacune va vivre des événements très différents, et plus ou moins difficiles. Elles divergent. Elles deviennent des adultes très différentes les unes des autres. Mais les fondations de leur adolescence commune ne disparaîtront jamais tout à fait, continueront d’avoir un impact sur leurs choix, leurs comportements. Même chose avec Aldemor, au fond. Dans notre monde et à notre époque, on aurait probablement étiqueté ce gosse comme surdoué. On l’envoie mener une guerre alors qu’il est encore enfant, et sa grande intelligence sera à la fois sa chance et sa malchance. Chance parce qu’elle lui permettra de sortir de ses épreuves en sachant les analyser, les comprendre, et donc rebondir, malchance parce qu’elle le pousse à avoir des idées qu’un enfant de douze ans n’aurait normalement pas eues, et à prendre les décisions regrettables qui vont avec… parce qu’il n’est quand même qu’un enfant, malgré tout. C’est peu dire que tout ce que traverse Aldemor pendant son enfance et adolescence va influencer fortement sa vie future… mais je n’en dévoilerai pas plus étant donné qu’Aldemor a une énorme importance dans le tome 2 !

Dans Les Terres de l’Est, vous vous intéressez davantage aux Chats. Pourquoi avoir choisi un peuple exclusivement “masculin” et quelles sont vos influences dans leur création ?

Oui, tout à fait. Il fallait bien commencer à éclaircir le mystère que je laissais planer sur eux dans le tome 1 ! Je crois qu’il y a une forme d’humour dans la façon dont j’ai imaginé le peuple des Chats. Non que le sujet soit traité de façon comique dans le texte, loin de là, mais disons plutôt que je m’amuse beaucoup à les inventer ! Je joue plus ou moins ouvertement avec le cliché du barbare de fantasy façon Conan. Des grands gars super balèzes physiquement, très doués au combat… mais qui dans le Demi-Loup se trouvent être psychologiquement des gens normaux, dotés de la même sensibilité que les autres (ce sera plus visible encore dans les tomes 3 et 4). Même dans la description de leur allure, je joue un peu avec les clichés. Si vous vous amusez à relire les descriptions de leurs costumes, avec leurs tuniques de fourrure sans manches et leur gros bijoux en or, vous pourrez les croire tirés d’ Astérix et les Normands… ce qui n’est pas le cas, bien sûr (je n’ai jamais lu Astérix et les Normands), mais, encore une fois, c’est une forme de jeu. Pour ce qui d’en avoir fait un peuple uniquement masculin, je crois que ça découle tout naturellement du reste. C’est presque un des seul éléments magique, du moins non-naturel, du cycle, d’ailleurs.

Vous avez choisi d’alterner journaux intimes, lettres et autres notes pour votre narration. Pourquoi ?

Pour ne jamais donner une unique version de l’histoire, qui serait objective ! Au début du tome 1, dans le prologue, je pose le cycle comme une compilation de différentes sources visant à reconstituer une série d’événements malheureux menant progressivement un royaume déjà fragile à une guerre civile. Nersès et Lufthilde, qui font cette compilation, ont conscience qu’elles ne pourront jamais être tout à fait objectives. Ce n’est qu’en croisant les sources, les témoignages des différents acteurs de cette époque (lettres, journaux, etc.) qu’elle pourront approcher une certaine objectivité. Moi même, je m’efforce de ne jamais trancher. Tant que les personnages vivent ensemble et sont relativement amis (tome 1), leurs avis sur les événements divergent à peine. Mais au fil des tomes, les personnages divergent de plus en plus, et ainsi leurs opinions sur les événements et leur façon de les raconter. Du coup, qui croire, quel point de vue préférer, et pourquoi faire confiance à tel personnage plutôt qu’à un autre ? Au lecteur de faire son choix, et de l’assumer. Ce n’est pas à moi de décider.

Pourquoi votre choix s’est-il porté sur une épidémie pour incarner le principal danger qui guette le royaume du Demi-Loup ? Est-ce un écho de la Peste Noire du moyen-âge ?

Non, même si je comprends qu’on puisse y penser. L’épidémie n’est d’ailleurs pas tant le danger principal qu’un catalyseur. La Preste Mort ne fait qu’accélérer la déliquescence du Demi-Loup, elle n’est pas la cause de tous ses problèmes. Partant de là, j’avais besoin d’un mal qui soit neutre politiquement, et qui puisse affecter tous les camps sans distinction en plus d’être révélateur du retard scientifique du Demi-Loup, surtout par rapport à l’Empire voisin. Une épidémie remplissait très bien cet office.

Avec ce second tome, vous avez également élargi l’univers du Demi-Loup en nous emmenant dans les Plaines Jaunes et l’Empire. Comment avez-vous bâti ces contrées ?

Au fil du voyage ! Je n’ai pas imaginé préalablement toute une carte ou toute l’histoire de chaque zone traversée. Je suis l’avancée des personnages qui (re)découvrent de nouveaux territoires, et j’invente au fur et à mesure… tout en gardant un peu d’avance sur eux, bien sûr. Tel personnage va à tel endroit, fait telle découverte, et moi je sais d’emblée que je vais pouvoir réutiliser tel élément plus tard, ou que tel autre vient Après coup, oui, je dresse une carte, même schématique, que ce soit sur papier ou dans ma tête, et je garde note de tout ce que j’ai mis en place pour former un tout cohérent. En procédant dans l’autre sens on prend le risque d’amasser beaucoup d’infos qu’on peut ensuite être tentés de caser dans le texte. Après ma méthode implique de fonctionner par aller-retours, ou en plusieurs passes : je vais jusqu’au bout du voyage avec le personnage, et certaines idées trouvées vers la fin, et que je trouve meilleures, impliquent parfois de reprendre le début, rétroactivement.

Avez-vous une préférence pour l’un de vos personnages, un qui vous toucherez plus que les autres ?

J’aime bien tous les seconds rôles, ceux qui accompagnent les narrateurs, en restant toujours un peu dans leur ombre, et dont aura jamais vraiment l’opinion sur la situation. Vigtan, Grune, Vernard. Et dans les personnages principaux, j’ai de l’affection pour Malvane et sa démesure, et aussi pour Calvina et la façon dont elle se cache sous la frivolité pour masquer qu’elle est complètement perdue. Les autres, je les connais trop bien, je sais trop comment ils vont finir ou ce qu’ils vont commettre à un moment donné !

Vous avez annoncé quatre tomes pour cette saga. Était-ce votre projet depuis l’origine ?

Non. Très naïvement, j’ai commencé le roman en pensant que je ne ferai qu’un gros volume en deux parties. Évidemment, le one-shot est vite devenu une série de deux, puis trois, puis quatre. Je crois que c’est assez habituel en fantasy… A un moment, j’ai craint de devoir aller jusqu’à cinq, et c’est ce que j’ai parfois annoncé aux lecteurs, mais en reprenant mon plan point par point le printemps dernier je suis revenue définitivement à quatre.

Une question pour le plaisir d’un cinéphile : Les Récits du Demi-Loups sont adaptés demain sur grand écran, vous pouvez choisir le réalisateur et les acteurs….à moins que vous ne préféreriez une adaptation en série ?

Comme je travaille dans le milieu du cinéma, c’est très difficile pour moi d’imaginer lâcher l’histoire à des cinéastes dont je ne connaîtrais pas de près la manière de travailler et de penser. Je peux donc difficilement répondre à cette question, sauf à dire que je préférerais que le projet reste francophone, et interprété essentiellement par des têtes nouvelles, pour que les personnages ne soit pas phagocytés par des acteurs trop connus. Et donc probablement réalisé par quelqu’un qui ne soit pas un vieux de la vieille non plus, dont tout le monde connaît déjà le style ! Alors, partant de là, une série ou plusieurs films, je ne sais pas…

D’ailleurs, des coups de cœur récents niveau lecture, cinéma ou séries ? (De genres ou hors-genre)

Niveau cinéma, mon seul vrai coup de cœur des dernier mois est Elle de Paul Verhoeven. Ce film arrive à être à la fois très vrai, très juste, et assez barré. Mettre extrêmement mal à l’aise tout en faisant souvent rire, ne serait-ce que d’un rire nerveux ou très jaune. Et Huppert y est extraordinaire. Pour les séries, hormis Game of Thrones que je suis toujours, je n’ai guère le temps d’en regarder. La dernière que j’ai regardée en entier, et trouvée particulièrement géniale, était Breaking Bad… mais c’était il y a déjà deux ans. En lectures, maintenant ! Je suis en train de finir un essai d’Alessandro Barrico, Les Barbares, sur, disons, les mutations que traverse la culture occidentale depuis une vingtaine d’années(difficile à résumer). Vraiment intéressant ! Il propose d’autre voies que les habituels poncifs sur le sujet, dans un style très fluide. Avant cela j’ai fini Le Déchronologue de Stéphane Beauverger. J’avais mis un tiers du livre et plusieurs mois à accrocher… avant de le terminer quasiment d’une seule traite !

Vous devez également publier un recueil de nouvelles dans la collection Hélios. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Fleurs au creux des ruines est un recueil de quatre nouvelles prenant place dans le royaume du Demi-Loup, ou plus exactement sur le même territoire, des siècles et des siècles avant. Les nouvelles en elles-mêmes sont parfois chronologiquement distantes les unes des autres de plusieurs siècles, d’ailleurs. J’essaye de tracer quelques esquisses des différentes civilisations qui se succèdent sur ces terres, et comment elles s’influencent et se mêlent.

D’autres projets en vue après le Demi-Loup ? Vous nous parliez de SF auparavant…

Oui, il y a effectivement ces projets de SF, dont je n’ai rien envie de révéler pour l’instant, et un certain nombre de projets scénaristiques, en courts et longs métrages, et en séries. Plus le tome 4 du Demi-Loup, bien sûr. Ce qui fait déjà pas mal, si bien que je ne vois pas plus loin que les trois ou quatre années à venir !

Et évidemment, je vous laisse le mot de la fin pour cette interview…

N’ai-je pas déjà été bien assez bavarde ?

Tous mes remerciements à Chloé Chevalier.

Critique de Véridienne de Chloé Chevalier
Critique des Terres de l’Est de Chloé Chevalier
Critique de Mers Brumeuses de Chloé Chevalier
Critique de Fleurs au creux des ruines de Chloé Chevalier

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